Les ateliers de Julien Dulait sont à l'origine de ce qui va devenir Jeumont Industrie. En 1904, le baron Empain rachète à Julien Dulait des ateliers en France, à Jeumont. Installée aux environs de 1898 à la frontière de la Belgique, l'usine est spécialisée dans une technique de pointe : l'application de l'électricité à la traction sur les canaux.
Le baron Empain se lance dans le domaine de la traction électrique en participant à la réalisation du métropolitain de Paris avec la Compagnie du chemin de fer du métropolitain de Paris.
Les ateliers Dulait à Jeumont changent de raison sociale pour devenir la Société électricité et hydraulique. Le baron Empain crée aussi à Jeumont une câblerie et une centrale électrique qui alimente les industries des environs. En 1906, la Société électricité et hydraulique change de raison sociale pour s'appeler Ateliers de constructions électriques du Nord et de l'Est (ACENE). Ces ateliers se développent, tant en vue de la construction du gros matériel électrique (turboalternateurs, moteurs pour l'équipement des laminoirs, pour des machines d'extraction, pour des locomotives…) qu'en vue de la production de moteurs spéciaux destinés aux engins de levage.
Les Ateliers de constructions électriques du Nord et de l'Est fusionnent en 1921 avec une autre société du Groupe Empain, les Forges de Longueville, donnant ainsi naissance aux Forges et ateliers de constructions électriques de Jeumont (FACEJ).
Les brevets de la société relatifs aux moteurs polyphasés à collecteurs lui permettent de présenter, pour les applications les plus diverses, des moteurs répondant parfaitement à toutes les exigences de variation de vitesse, des moteurs à collecteur en cascade et des moteurs asynchrones. Les appareils de levage pour l'industrie (ponts-roulants, grues de fonderie) et pour l'équipement électrique des ports (grues de port, grues de cales) constituent une autre des branches importantes de l'activité des FACEJ.
En « grande traction », les FACEJ, via la Société d'études pour l'électrification des chemins de fer français, obtiennent d'importantes commandes des chemins de fer du Midi et d'Orléans. La société fournit aussi, aux tramways et aux chemins de fer du métropolitain de Paris, moteurs, commutatrices de grande puissance et autre matériel électrique pour l'équipement des rames, des usines et des sous-stations.
En « petite traction », les FACEJ fournissent les mines nationales (Houillères du bassin de Lorraine, Houillères du bassin du Nord-Pas-de-Calais, etc.). Le halage sur les canaux par des locomotives électriques continue à être une spécialité exploitée, ainsi que l'éclairage électrique des trains.
La progression des techniques de construction du gros matériel électrique conduit, pendant l'Entre-deux guerres, un certain nombre de constructeurs européens à passer des « alliances techniques » avec des constructeurs américains, sous forme de prises de licences. Le matériel électrique Schneider Westinghouse concède alors aux FACEJ une « sous-licence » Westinghouse pour la fabrication de transformateurs cuirassés et celle de turboalternateurs.
Le matériel électrique SW et les FACEJ fusionnent en 1964 pour former la société anonyme Jeumont Schneider (JS). JS développe trois secteurs d'activité : l'industrie mécanique, la marine, l'énergie. Ces domaines d'activité se divisent en huit branches : les composants nucléaires, les machines de production d'énergie, les moteurs spéciaux, les moteurs industriels, les variateurs de vitesse, les systèmes et automatismes industriels, les pompes hydrauliques et les transformateurs de puissance.
La société poursuivant une politique de diffusion de ses techniques développe ses marchés d'exportation en s'alliant à d'autres constructeurs. Elle essaie de développer des secteurs novateurs comme le moteur électrique constitué de deux armatures planes et parallèles, nommé « moteur frein sur rail » (soit un moteur linéaire à induction) très demandé par la SNCF. Le fonds concerne essentiellement des affaires que Jeumont Industrie a traité avec des sociétés nationales et internationales, dans des pays répartis au quatre coins de la Terre.
En 1986, l'exercice de Jeumont-Schneider est marqué par une décision stratégique majeure : la diminution des investissements dans les activités ferroviaires devenues lourdement déficitaires. Le domaine d'activité « traction » est transféré à Alsthom : transfert de constructions en cours destinées à la SNCF pour les locomotives SYBIC et le TGV-Atlantique et de l'outillage de certaines constructions qui remontent aux années soixante. Ce transfert de technologie était programmé depuis 1964 au moment de la fusion entre les FACEJ et Le matériel électrique SW, il s'achève entre 1986 et 1989.
En 1989, JS est rachetée par sa propre filiale Framatome et prend la raison sociale de Jeumont-Schneider Industrie. À partir de 1994, Jeumont-Schneider Industrie devient Jeumont Industrie.
