Les coopératives de consommateurs, ayant pour but de défendre le pouvoir d'achat et de régulariser les prix au profit de tous, ont d'abord eu pour exigence principale des prix bas. L'élévation du niveau de vie au tournant des années 1950-1960 les a rendues plus exigeantes sur la qualité, particulièrement des aliments, la santé et l'hygiène. La diffusion de nouveaux produits, de différents modes de conservation, d'incitations publicitaires à prétentions scientifiques contradictoires, rendait nécessaire le recours à des spécialistes pour y voir clair. C'est dans cet esprit que le Laboratoire coopératif d'analyses et de recherches a été fondé en 1955, à l'initiative du mouvement coopératif de consommation (COOP), sous le régime de la loi du 1er juillet 1901. L'association, domiciliée au 10 avenue Louis-Roche à Gennevilliers (Seine), déménagea début octobre 1975 pour s'installer 16 rue Maignan Larivière à Saint-Prix (Val d'Oise) : elle prit alors le nom de Laboratoire coopératif pour la protection, l'information et la représentation des consommateurs. L'organisation employait, sous la direction de François Custot, puis, à partir de 1982, sous celle de Marc Chambolle, de dix à vingt personnes. Spécialisé dans le domaine alimentaire, le Laboratoire coopératif contrôle la majorité des produits de marque COOP ou distribués par la SGCC (Société générale des coopératives de consommation, centrale d'achat du Mouvement coopératif). Il participe à l'élaboration des cahiers des charges fixant les caractéristiques auxquelles les produits COOP doivent répondre. Ces cahiers acceptés et signés par les fournisseurs - usines appartenant à la SGCC ou autres fabricants - le Laboratoire opère, en liaison avec les services techniques des usines, des ondages réguliers sur les produits finis et transmet les résultats des contrôles aux services commerciaux.
Le contrôle des produits COOP ne représentait cependant qu'une partie des activités du Laboratoire : celui-ci s'intéressait aussi aux concurrents. Il effectuait des analyses à la demande des organisations de consommateurs (sociétés coopératives, associations de consommateurs, mouvements familiaux) ou à sa propre initiative, pour fournir la matière de ses publications. Son but n'était pas tant de "tester" les marques ou les distributeurs que d'attirer l'attention sur des points mettant en jeu les intérêts du consommateur.
Le Laboratoire coopératif recevait et rendait compte d'une presse internationale nombreuse (150 abonnements en 1966), répondait aux demandes de particuliers, directement où en les renvoyant à ses études. La publication d'un bulletin d'information bimestriel, accompagné de deux suppléments, une monographie et une analyse comparative, assurait la vulgarisation des travaux du Laboratoire, alertait l'opinion, informait et faisait réfléchir le consommateur, commentait les lois, expliquait les étiquettes, comparait aux faits les publicités abusives... Les destinataires de ces parutions, dirigées par Alain Gaussel, étaient des enseignants, des animateurs, des journalistes, des diététiciens, des cadres et militants coopérateurs - des personnes appelées à leur tour à informer le grand public. Le Laboratoire tenait également des rubriques régulières dans diverses publications (Coopérateur de France, Présentation, La Vie collective, Pour l'enfant vers l'homme, Amis-COOP, Témoignage Chrétien...), participait à des émissions radiodiffusées et télévisées. Il lançait des questionnaires sur des sujets
variés, qui lui permettaient de juger le niveau d'information de ses correspondants : il pouvait ainsi dresser des listes d'erreurs à rectifier, de lacunes à combler, de questions auxquelles répondre. Par d'abondantes lettres à des journalistes (demandant des suppléments d'information, relevant des erreurs), la réalisation de montages diapositives, fiches, questionnaires, plaquettes à destination des jeunes consommateurs, le Laboratoire affirmait fortement sa vocation pédagogique. Il cherchait à éduquer chacun à mieux acheter, à lire de façon critique les étiquettes, la publicité.
Le Laboratoire représentait enfin les consommateurs dans de nombreuses commissions (CNRS, Institut national de la santé et de la recherche médicale, Conseil supérieur d'hygiène publique, Commission supérieure de la qualité, Comité National de la Consommation, Comité technique des matières grasses de la CEE...), intervenant également auprès des législateurs. Il était en relations étroites avec les organismes de recherche scientifique privés ou publics (Centre national de coordination des études et recherches sur la nutrition et l'alimentation, relevant du CNRS) et avec les pouvoirs publics (Services de la Répression des fraudes et du contrôle de la qualité, Direction des Affaires commerciales et des prix du Quai Branly). Son appareillage scientifique était subventionné par le Commissariat général du plan et de la productivité.
Fin février 1986, l'activité du laboratoire coopératif s'est achevé définitivement.