Historique :
L'ADATERéLi est une association fondée le 24 mars 1953 à l'initiative de Messieurs Didier Motte et Marcel Dujardin. Ils ont réuni Jean Menet (nommé président de l'association), Bernard Méchin, Henri Mathias et Robert Sab, les fondateurs de l'association, pour agir face à une situation critique : celle de l'hébergement des travailleurs immigrés. Le siège social de l'association se situe au 207 boulevard de la Liberté à Lille (Nord) et développe ses activités dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Elle regroupe au sein de son conseil d'administration des personnes qualifiées d'origines diverses comprenant des représentants des grandes administrations (Préfecture, Équipement, Action sanitaire et sociale, municipalités), des caisses d'allocations familiales de Lille-Roubaix-Tourcoing et des organisations syndicales de patrons et de salariés.
Elle a pour objet l'amélioration des conditions de vie et/ou d'insertion sociale de diverses catégories de personnes de la région Nord : travailleurs migrants, familles, étudiants, personnes âgées, handicapées et défavorisées. Pour ce faire, l'association les aide en leur fournissant un logement et une assistance dans toutes leurs démarches administratives.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Nord-Pas-de-Calais manque cruellement de main-d'œuvre pour reconstruire ses bâtiments décimés et développer son industrie. Le Ministère du travail impose à l'Algérie l'envoi d'un important contingent d'hommes en renfort. La région, qui bénéficie habituellement d'une main-d'œuvre frontalière, voit se réduire cet apport, les besoins des voisins belges se faisant également sentir.
Au début, ces travailleurs immigrés, venus participer à la reconstruction de la France, sont logés sur place dans des dortoirs ou des chambres fournis par leurs employeurs. Mais rapidement, le problème de l'hébergement devient alarmant. Beaucoup se retrouvent ainsi regroupés dans des baraquements insalubres et sans aucun confort.
Pour remédier à cette situation mais aussi aux problèmes sociaux de ces travailleurs nord-africains (illettrisme, difficultés d'intégration dans la société française), l'association sous sa première dénomination ADAFARéLi (Association d'Aide aux Français d'Algérie de la Région Lilloise) se donne trois objectifs, fixés le 12 avril 1953 lors de sa déclaration en Préfecture :
• créer et gérer des centres d'accueil, d'orientation et des bureaux d'interventions,
• des centres de convalescence,
• des centres d'hébergement transformables en logements familiaux.
Un centre d'accueil est ainsi organisé à la fin de l'année 1953 au siège même de l'association, permettant d'offrir gratuitement et pendant quelques jours 17 lits aux migrants en situation difficile. Parallèlement, un bureau d'intervention répond aux demandes des migrants et les aide à résoudre leurs problèmes administratifs, professionnels et sociaux.
A leur arrivée en France, l'état des nouveaux immigrés n'est pas des meilleurs et les hôpitaux ne peuvent pas les accueillir. Un centre pour convalescents est alors ouvert dans les étages du siège de l'association dès le mois de mars 1955. Il reçoit les malades et les convalescents jusqu'à ce que les services hospitaliers de l'agglomération lilloise se développent suffisamment pour assurer leurs prises en charge. Il reçoit 1 160 personnes jusqu'en 1964, date de sa fermeture.
L'hébergement des célibataires débute en 1956 avec l'ouverture du foyer de Marquette (qui compte 25 maisons), puis les foyers de Tourcoing-Magenta et de Roubaix-Beaurepaire. Ces structures assurent des conditions de logement correctes pour environ 650 travailleurs à des prix abordables, avec l'entretien et les charges comprises. En même temps que se construisent ces foyers, le problème des travailleurs arrivant avec leur famille est également pris en considération par l'association. Des appartements de transits pour les familles musulmanes sont aménagés à Lille puis à Roubaix. Ils existeront jusqu'en 1974.
Au début des années 1960, l'arrivée massive de travailleurs célibataires dans la métropole lilloise pousse l'association à se développer en créant des foyers de 60 à 95 lits dans des immeubles anciens à Lille, Roubaix et Tourcoing. De 1965 à 1970, l'association ouvre six grands foyers à Lille, Roubaix mais aussi à Fâches-Thumesnil, Sequedin, Wasquehal et Wattrelos.
En 1964, l'Association transforme son titre en Association d'Aide aux Travailleurs Africains de la région Lilloise (ADATARéLi). Deux ans plus tard, suite à la diversification de son activité, elle modifie à nouveau sa dénomination pour prendre le nom d'Association d'Aide aux Travailleurs Étrangers de la Région Lilloise (ADATERéLi).
En 1970, l'association élargie son activité à la région dunkerquoise. Cinq foyers sont construis à Petite-Synthe, Téteghem, Loon-Plage et Coudekerque-Branche, soit 1 376 chambres individuelles. En 1974, le foyer de la rue du Général-Bonnaud à Tourcoing et celui de Lille, rue Auguste-Bonte, ouvrent leurs portes.
La fin des années 1970 marque un tournant dans la vie économique française. C'est la fin officielle de l'immigration. Le chômage s'amplifie, les taux d'occupation des foyers commencent à baisser dès 1975. C'est dans ce contexte que l'association diversifie son activité mais également le public accueilli. En effet, l'ADATERéLi, en accord avec l'association France Terre d'Asile, accueille dès 1975 de nombreux réfugiés de l'Asie du sud-est, pour la plupart des familles, fuyant le régime politique de leur pays. Les foyers rue Moulinel à Wasquehal, rue Bonnaud à Tourcoing et rue Bonte à Lille, sont spécifiquement réservés à cette population. Une section asiatique est alors créée en collaboration avec d'autres associations pour apporter une aide spécifique, durant six mois, à ces réfugiés : cours d'alphabétisation, stage de formation, aide à l'insertion professionnelle, à la recherche de travail et de logement. 1 386 adultes et 1 101 enfants ont ainsi été soutenus jusqu'en 1984. Cet afflux supplémentaire de réfugiés oblige l'association à atteindre en 1977 sa capacité maximale d'hébergement avec 4 055 lits et 1 124 667 nuitées d'hébergement.
Au cours de cette même période l'association entreprend une politique de grands travaux de rénovation afin d'améliorer le confort des migrants. Deux foyers de Lille sont détruits et totalement réaménagés. Ils sont réservés tout au long des années 1980 à une nouvelle population : les femmes seules d'origine étrangère, étudiantes ou travailleuses, pour lesquelles le manque de logements se fait particulièrement sentir. Malgré cette période d'embellie, il ne faut pas négliger que les foyers du secteur dunkerquois sont durement frappés par la crise qui touche la sidérurgie. Les foyers dunkerquois se vident peu à peu à partir de 1983. En 1989, deux des cinq foyers sont abandonnés.
Les années 1990 annoncent une profonde évolution. On assiste à une montée de la précarité dans la société française dont les foyers sont le reflet. La mission de l'association suit donc ce tournant et accentue son volet social. Il faut s'adapter à un public d'immigrés vieillissants et aux nouveaux résidents en situation précaire. D'autre part il paraît nécessaire de faire évoluer les logements, qui ne sont plus des lieux de passage mais des lieux de vie. De nouvelles résidences sont construites.
En 1994, l'association modifie ses statuts pour ouvrir son activité aux nouveaux publics et accueillir des jeunes défavorisés, des familles, des personnes âgées mais aussi handicapées. L'accueil de Français en situation difficile est de plus en plus important. Cette nouvelle perspective incite l'association à organiser et intensifier l'accompagnement social de ses résidents. Pour ce faire, l'ADATERéLi met en place le Service Intervention sociale ARELI qui compte six intervenantes sociales. Elles apportent une aide administrative, une information sociale individuelle et collective et organisent de nombreuses animations pour ouvrir les foyers sur l'extérieur.
En 1999, l'association doit faire face à l'arrivée de réfugiés kosovars, comme elle l'avait fait pour ceux du sud-est asiatique dans les années 1970, et ce jusqu'en 2001, date à laquelle se termine officiellement la prise en charge d'accueil des Kosovars en France. Au cours de cette même année, l'association signe une convention cadre en partenariat avec l'État dans le cadre de la CLIPI (Commission Interministérielle pour le Logement des Populations Immigrées) pour la réhabilitation de ses foyers en résidences sociales. L'association décide de prendre le nom d'ARELI. Cette dénomination met désormais l'accent sur l'importance de ses missions sociales liées à l'hébergement et sur la prise en charge globale du résident. En 2010, l'association est animée par une équipe de 42 personnes.
Repères chronologiques :
24 mars 1953 : Création de l'Association d'Aide aux Français d'Algérie de la Région Lilloise (ADAFARéLi).
1953 : Un centre d'accueil est organisé, au 207 boulevard de la Liberté à Lille, ainsi qu'un bureau d'intervention et d'orientation.
1956 : L'hébergement des célibataires débute avec l'ouverture du foyer de Marquette. L'association fait ensuite construire les foyers de Tourcoing-Magenta et Roubaix-Beaurepaire.
1961-1963 : De nouveaux foyers sont construits et aménagés afin de répondre à l'arrivée massive de travailleurs célibataires étrangers.
1963 : L'association change de dénomination. Elle devient l'ADATARéLi : l'Association d'Aide aux Travailleurs Africains de la Région Lilloise.
1966 : Suite à l'élargissement de ses activités, elle prend le nom d'ADATERéLi : Association d'Aide aux Travailleurs Étrangers.
1970 : L'association étend son action à l'agglomération dunkerquoise avec la construction de cinq foyers à Petite-Synthe, Téteghem, Coudekerque-Branche et Loon-Plage.
1971 : Avec l'ouverture des foyers de Dunkerque, elle agrandit son champ d'action et devient l'Association des Travailleurs Migrants Région Nord.
1975 : L'association crée la Section asiatique. Elle accueille, dès lors, des réfugiés en provenance d'Asie du sud-est.
1977 : Le record du nombre de nuits est atteint : 1 124 667 avec 4 055 lits.
1994 : L'association modifie ses statuts pour ouvrir son activité au nouveau public et accueillir des jeunes défavorisés, des familles et des personnes âgées et handicapées.
1997 : L'ADATERéLi crée un « service Intervention sociale ARELI ».
1999 : L'association accueille les réfugiés kosovars.
2001 : Elle adopte l'abréviation ARELI.
