Notice descriptive

Compagnie des mines de Béthune (puis Houillères des bassins du Nord et du Pas-de-Calais. Groupe de Béthune) : entrée 1994 26.

  • Compagnie des mines de Béthune (puis Houillères des bassins du Nord et du Pas-de-Calais. Groupe de Béthune) : entrée 1994 26.
  • Présentation du contenu

    Le fonds se compose de documents très divers, tant par leurs contenus (documents comptables, documents relatifs au personnel, documents sociaux) que par leurs supports (registres, affiches, plans, photographies).

  • Historique de la conservation

    dépôt. transfert AD Pas de Calais. Une partie a été retrouvée lors du récolement en 2012 avec une mention "23 J (suite). Versement de la Société chimique des Charbonnages du 2 octobre 1980". 1-4 Répertoires, contrats de constructions et d'entretien des bâtiments. 1899-1925", ce qui correspond aux cotes 1994 26 1593 à 1595.

  • Modalités d'entrées

    Le fonds de la Compagnie des mines de Béthune a été transféré en 1994 au Centre des archives du monde du travail, en même temps que de nombreux autres fonds de compagnies minières autrefois conservés aux archives départementales du Pas-de-Calais (convention du 17 octobre 1994).

  • Statut juridique
    La majeure partie du fonds est constituée de documents antérieurs à la nationalisation des houillères en 1946, qui constituent à ce titre des archives privées. Seules les pièces postérieures à cette date sont des archives publiques (voir notamment les registres d'accidents du travail).
  • Présentation du producteur

    Depuis 1847, de nombreux sondages effectués dans le Pas-de-Calais avaient prouvé que le bassin houiller de Valenciennes se prolongeait vers l’Ouest. De nombreux travaux de prospection furent entrepris. C’est ainsi que le 1er octobre 1850 fut constituée une société ayant pour but la recherche de la houille dans le département du Pas-de-Calais. Cette société fondée par MM. Boitelle, Quentin, Petit, Courtin, Courtrai et Copin prit le nom de « Compagnie de Béthune ».

    Elle établit ses recherches à l’ouest de Béthune, là où les sondages n’avaient pas encore été réalisés par d’autres compagnies. Le premier sondage effectué par les Mines de Béthune fut à Annezin dans un terrain loué par MM. Boitelle et Courtin. Le 26 avril 1851, la première veine de houille était recoupée. Puis d’autres sondages à Fouquières, Haillicourt et Bruay recoupèrent le charbon à des profondeurs variant entre 130 et 182 mètres. Devant ces résultats favorables, la société de recherche se transforma en Société d’Exploitation le 25 septembre 1851. M. Dusouich, ingénieur des mines à Arras, conseilla aux administrateurs des Mines de Béthune d’abandonner les travaux commencés dans la région de Bruay et Béthune et de s’établir plus à l’est dans l’intervalle considérable compris entre Lens et Noeux.

    Le premier chantier des Mines de Béthune se fixa sur le territoire du hameau de Bully, alors peuplé de 400 habitants. Mais la pauvreté forestière de la contrée est telle qu’il fallut faire venir de Cambrai le bois et les ouvriers nécessaires à la construction du sondage. En dépit de toutes les difficultés, le 17 février 1852, le sondage rencontra la houille à 146 mètres de profondeur et le 26 mars le fonçage de la fosse 1 fut entrepris. La consécration officielle vint le 15 janvier 1853 sous forme d’un décret attribuant aux Mines de Béthune la concession de Bully-Grenay, située entre les concessions de Noeux et Lens. La superficie primitive de 5176 ha fut portée à 6352 par un nouvel acte de la concession en 1877, consécutif à un sondage effectué dans la région d’Aix-Noulette. En 1945, la concession avait la forme d’un quadrilatère de 6 kilomètres suivant la direction des couches et de 12 kilomètres perpendiculairement à cette direction. Elle s’étendait sur le territoire de 15 communes : Bully, Grenay, Loos, Vermelle, Mazingarbe, Noyelles, Sains en Gohelle, Auchy-les-Mines, Haisnes, Annequin, Cuinchy, Beuvry, Sailly, Lievin, Aix-Noulette.

    Au début de leur existence, les Mines de Béthune éprouvèrent de grandes difficultés pour l’écoulement de leurs produits. Après la tentative malheureuse de 1856 pour constituer une « Société des cokes » qui aurait fabriqué du coke à Violaines, près du canal, les Mines de Béthune se décident à relier leurs fosses par voie ferrée, d’une part aux voies navigables, d’autre part aux chemins de fer projetés. Cette décision était nécessaire, car jusque-là les transports de charbon se faisaient par voitures hippomobiles qui, par relais, le transportaient jusqu'à Arras pourvu de voies ferrées et navigables. En décembre 1859, un décret loi concéda un embranchement de Bully à Violaines, et par décrets du 29 août 1863 et du 8 mars 1865 les mines de Béthune obtinrent l’autorisation de prolonger leur réseau ferré jusqu’à Béthune et Lille. Une société anonyme dite « Cie du Chemin de fer de Lille à Béthune et à Bully-Grenay » se forma le 11 mai 1865 et exploita le réseau.

    Les charbons exploités présentaient des teneurs de plus en plus élevées en matières volatiles à mesure que l’on se dirige depuis le nord vers le sud de la concession. Toutes les qualités de charbon étaient donc représentées dans la production, depuis les maigres à 9,5% de matières volatiles jusqu’aux flambants à 34-38%. La production de charbon des Mines de Béthune a été marquée par une progression continue depuis 1852 interrompue seulement lors de la guerre de 1914-1918 et lors de la crise économique de 1932.

    Pendant la Première Guerre Mondiale, la concession fut en partie envahie dès octobre 1914 et les installations se trouvèrent constamment sous le feu de l’artillerie allemande, multipliant ainsi les dégâts. Les puits 8 et 8bis furent systématiquement et absolument détruits. Les installations étaient détruites aux n°4, 4 bis, 5 et 7. Tous les autres puits avaient souffert des tirs d’artillerie. Pendant la guerre, la production baissa beaucoup, descendant même jusqu’à 332 000 tonnes en 1915-1916 (2 423 000 tonnes en 1913). L’extraction moyenne journalière qui était de 8 000 tonnes en 1913 tombe à 1 300 en décembre 1914, puis 1 000 en 1916. Ce ne fut qu’en 1924 que les 11 sièges d’extraction purent à nouveau fonctionner pleinement.
    Après le Traité de Paix, les Mines de Béthune cherchèrent à moderniser leurs installations. Les machines d’extraction, alors actionnées par des machines à vapeurs furent peu à peu remplacées par des machines électriques. Au fond, les moyens d’abatage et de roulage furent développés.

    Les usines créées à Mazingarbe en 1895 se sont sans cesse développées pour atteindre un bloc très important dont les fabrications étaient très variées. Une partie d’entre elles était consacrée au traitement du charbon brut à savoir le criblage et le lavage. L’installation permettait en 1945 de laver 400 tonnes de charbon brut à l’heure.
    Une autre partie de ces usines était consacrée à la cokerie. Quatre batteries de fours récupéraient le charbon destiné à devenir coke après son lavage. La production de coke était de 100 000 tonnes de 1899 à 1906, puis elle passa à 0,2 millions de tonnes en 1912 pour atteindre en 1913 392 700 tonnes. La guerre de 1914-1918 diminue beaucoup la production qui s’arrêtera complètement en 1917. A la fin du conflit, la progression reprend sauf une dépression due à la crise économique qui débute en 1932. Le maximum de la production a été atteint au cours de l’année 1928 avec 565 195 tonnes.

    Les ateliers de synthèse complétaient ces installations. Avec par exemple la fabrication d’ammoniac, de nitrate de soude, de méthanol, de formol ou d’éther.

    L’ensemble des services de la concession : jour, fond, usines annexes nécessitaient pour son fonctionnement une importante consommation de courant électrique. Ce courant était fourni par deux centrales thermiques : l’une construite à Bully en 1905, l’autre construite à Mazingarbe en 1931. Le courant électrique produit était utilisé par les Mines de Béthune pour leurs besoins propres. Le surplus était livré à la Société électrique du Nord-ouest qui recueillait sur son réseau les excédents d’énergies de diverses compagnies minières.

    Tous les établissements établis sur la concession en 1945 étaient desservies par un réseau de voie ferrée d’un développement total de 159 kilomètres. La concession était traversée du nord au sud par une ligne principale rattachée au réseau du nord à Bully-Grenay et Violaines. Le matériel roulant comprenait à cette date 1 300 wagons et 27 locomotives. De plus, la concession était pourvue à Violaines d’un bassin destiné au chargement des bateaux, bassin communiquant avec le canal d’Aire à la Bassée.

    L’évolution sans cesse croissante du personnel nécessita la construction de cités ouvrières. Bully au tout début de l’exploitation n’était qu’un hameau de 400 habitants. En 1875, 2 161 personnes étaient salariées et le nombre de maisons étaient de 867. En 1945, le nombre total des personnes employées et salariées par les Mines de Béthune s’élevait à 12 640, pour 7 790 logements. Ces cités comportaient des écoles, des églises et des lieux pour pratiquer le sport comme des stades. De nombreuses œuvres sociales s’étaient organisées pour faciliter la vie des personnes les plus en difficultés. De même, la compagnie disposait d’une organisation médicale et d’hygiène avec un dispensaire, une clinique, des centres pour les nourrissons et du personnel médical pour encadrer toutes ses infrastructures.

    En 1946, la compagnie est nationalisée : elle forme avec les anciennes compagnies de Noeux, Vendin-les-Béthune et Gouy-Servin-Fresnicourtrejoint le Groupe de Béthune au sein de l'établissement public des Houillères du bassin du Nord-Pas-de-Calais (HBNPC). Les Groupes de Béthune et de Lens fusionneront en 1967.

  • Mode de classement

    Ce fonds a fait l'objet d'un récolement sur fiches détaillées en 1997 par Lilian Pothron, secrétaire de documentation, sous la direction d'Armelle Le Goff, conservateur du patrimoine. Chaque liasse a alors été identifiée.

    En 2006, dans le cadre de la collecte des archives du siège Charbonnages de France, fermant fin 2007, un bilan général des fonds miniers a été dressé. Afin de mieux apprécier l'importance des archives minières déjà versées au Centre des archives du monde du travail, il a été décidé d'achever le classement des fonds de compagnies minières récolés à leur entrée dans les années 1990. Ainsi, le classement du fonds 1994 26 Compagnie des mines de Béthune a été achevé par Rémi Bouguereau, étudiant stagiaire en Master Arts appliqués, archives et images de l'Université Toulouse II Le Mirail sous la direction de Gersende Piernas, chargée d'études documentaires.

    L'inventaire a été complété à plusieurs reprises par la suite : en 2007 par Gersende Piernas ; en 2008 par Valentine Leignel, étudiante en première année du Master Professionnel Monde du travail, Mémoire et Patrimoine, spécialisation archivistique de l'université de Lille III, sous la direction de Gersende Piernas ; en 2021 par Morgane Odic, contractuelle, sous la direction de Gersende Piernas.

    En 2021, à l'occasion de la rétroconversion de l'inventaire, le plan de classement a été revu pour en faciliter la compréhension, aboutissant au présent répertoire méthodique.

  • Sources complémentaires

    Aux Archives nationales du monde du travail (Roubaix):

    • voir les autres entrées de la Compagnie des mines de Béthune (2010 28 et 2013 24), notamment les dossiers individuels des mineurs nés avant 1900 ;
    • pour une recherche globale sur les fonds miniers, se reporter à la recherche thématique en ligne "industrie extractive".

    À l'Agence nationale de garantie des droits des mineurs (ANGDM, Noyelles-sous-Lens) :

    • dossiers individuels de mineurs nés après 1900.

    Au Centre historique minier (Lewarde) :

    • 17 W et 18 W - Groupe de Lens et Béthune.
  • Bibliographie

    DUBOIS (Guy), MINOT (Jean-Marie), Histoire des mines du Nord et du Pas-de-Calais, Dubois et Minot : Tournai, 1991.

    DUMONT (Gérard), Les 3 âges de la mine : un parcours historique dans le bassin houiller du Nord-Pas-de-Calais, du 18ème siècle à nos jours, Centre Historique Minier : Lewarde.

    FOURNIER (Jacques), NEUVILLE (Roger), Les cent glorieuses de Mazingarbe : un siècle d'innovations : du charbon à l'eau lourde, Vimy, 1997.

    GILLET (Marcel), Les charbonnages du Nord de la France au XIXe siècle, Mouton : Paris, 1973.

    Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais, 250 ans d'histoire, Houillères du bassin du Nord-Pas-de-Calais : Douai, 1977.

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