Notice descriptive

Scrépel, teinturerie.

  • Scrépel, teinturerie.
  • Présentation du contenu

    Les documents constituant ce fonds ont été classés selon un cadre de classement spécifique aux archives d'entreprises. Ce fonds qui occupe dix mètres linéaires ne couvre pas toute la période d'existence des établissements Scrépel.

    Le XIXe siècle en est absent à l'exception des statuts de la société Charles et Alphonse Scrépel de 1897.

    Les années 1900 à 1919 sont très peu représentées : acte de transformation et de modification de la susdite société de 1917, correspondance avec divers comités corporatifs de 1916 à 1930, polices et avenants aux polices de 1910 à 1924, grand-livre de 1913 à 1922, journal grand-livre de 1911 à 1920, copies d'effets de 1908 à 1922, bons de réception de commandes sous l'occupation allemande d'août 1915, retraites ouvrières de 1911 à 1928.

    Ensuite, les archives, à l'exception des vingt dernières années, sont plus variées et riches. Elles concernent principalement les bâtiments et le matériel (dommages de guerre, reconstruction et extensions) et l'activité industrielle de la société (copies de lettres envoyées de 1919 à 1930, livres comptables de 1913 à 1970, registres des entrées et sorties des productions de 1960 à 1972, plaquettes d'échantillons de tissus entre 1945 et 1955 approximativement).

    Les documents conservés dans ce fonds permettent, en partie, de reconstituer l'historique du bâtiment et donnent des renseignements sur l'activité de la société. Ils concernent également les salaires, les prestations sociales (versement et cotisations) et la formation.

    I - Les bâtiments.

    Pour information, c'est le 4 octobre 1862, devant Maître Lanvin, notaire à Roubaix, que M. Émile Scrépel-Moyart et M. Alphonse Toussaint forment une société en nom collectif "Société Scrépel-Moyart, Toussaint et Compagnie" qui a pour objet la teinture de laine, soie et coton. Le siège social en est fixé rue de la Tuilerie à Roubaix.

    En 1891, l'établissement est menacé de fermeture par l'administration préfectorale car elle n'est pas pourvue de l'autorisation spéciale exigée pour les établissements dangereux, incommodes et insalubres. Cette autorisation, provisoire en 1892, devient définitive le 10 septembre 1894.

    Les renseignements qui suivent, s'appuient sur les documents contenus dans ce fonds.

    Avant la première guerre mondiale, les bâtiments occupent un peu plus de la moitié de l'îlot compris entre les rues de la Tuilerie, des Filatures et du Coq français (UD 0036).

    Pendant la guerre 1914-1918, l'entreprise fait l'objet de nombreuses réquisitions allemandes en matériel et en marchandises (UD 0064) et connaît le chômage dès le 15 octobre 1914 (UD 0036). L'activité ne reprend qu'en 1920 après le remplacement progressif du matériel réquisitionné.

    En 1928, les Établissements Scrépel décident de reconstruire et d'agrandir l'usine. Ils achètent aux Établissements Motte-Bossut, leurs voisins, l'immeuble situé à l'angle de la rue du Coq français et de la Tuilerie (UD 0029).

    En 1930, ils y édifient un bâtiment à usage de bureaux et de magasin à l'étage (UD 0040).

    Parallèlement, ils augmentent leur patrimoine immobilier dans l'îlot : en 1942 et en 1943 , ils font l'acquisition d'une boulangerie au n°9 et d'un débit de boissons au n°3 de la rue du Coq français. La destruction des immeubles 3 à 9 est accordée par arrêtés du préfet et du maire en 1954 pour "aménager des locaux séparés des ateliers en ce qui concerne les vestiaires et lavabos" (UD 0045).

    En 1955, ils font construire un nouvel atelier de bobinage et de teinture de fil, rue du Coq français (UD 0042).

    A la même période, en juillet 1956, la SARL Émile Roussel obtient les autorisations préfectorale et municipale de démolir cinq maisons, rue des Filatures, au 2, 4, 6, 8 et 10 (Cour Cornille) pour permettre l'extension d'ateliers de fabrication (UD 0046).

    En 1969, l'entreprise qui porte le nom de "Société nouvelle des Établissements Émile Roussel et Fils et Scrépel réunis", envisage l'agrandissement de la salle des colorants et la construction d'un réservoir d'eau, rue Vincent Auriol et rue du Coq français (UD 0043).

    De nouveau, pour mémoire, rappelons que la société subit au début des années 1980, des pertes considérables et est mise en règlement judiciaire en date du 5 mai 1982 (UD 0011).

    L'usine continue son activité sous d'autres noms. Les bâtiments abritent alors la Teinturerie industrielle de Roubaix (TIR) puis la Société nouvelle teinturerie industrielle roubaisienne (SNTIR).

    En 1991, les bâtiments sont achetés par la ville (SIAR) et sont démolis à l'exception des bureaux, à l'angle des rues de la Tuilerie et du Coq français.

    Ce bâtiment, à la façade art déco qui abritait, entre autres, la salle d'administration, est le seul vestige de cette usine de taille moyenne.

    Son avenir a été longtemps incertain. L'association Art Action s'est créée en vue d'obtenir la transformation de ce bâtiment en une "vitrine multiculturelle, un lieu de prestige où pourraient coexister de multiples services".

    Il apparaît qu'en 1999, cet immeuble abritera l'office de tourisme de la ville de Roubaix au rez-de-chaussée et la société américaine Mac Arthur Glen aux premier et deuxième étages.

    II- L'activité de la société.

    En 1862, la société a pour but la teinture de la laine, soie et coton.

    Au cours de ses cent trente années d'existence, elle se spécialise "dans la teinture de la laine peignée, soit laine peignée, soit laine en bourres, soit laines sur bobines cylindriques" (Lettre adressée le 30/06/1952 aux Teintureries de Groeninghe de Courtrai).

    Elle développe différentes techniques de traitement de la laine dont la technique d'impression sur ruban de laine peignée (impression Vigoureux), le traitement infeutrable "Scrépel" et "Dylan" et la teinture sur bobines.

    Les techniques utilisées par la société ont été étudiées par Melle Nys au cours de son stage de formation dans l'entreprise en 1981 (UD 0221).

    La production de laines traitées atteint des chiffres record en 1956 et au début des années 1960 (exemples : en 1963, Peignés et lavés : 1.163.989 kg en entrées et 1.270.858 kg en sorties, "Scrépel" : 163.739 kg traités et "Dylan": 120.466 kg traités (UD 0163 : état récapitulatif des entrées et sorties depuis 1920, en kilogrammes de laine traitée, à la fin du registre)).

    En 1991, la Compagnie Pierre Decoster, entreprise linière, façonnier, ennoblisseur de La Gorgue (Nord), achète le savoir faire TIR/Scrépel (impression Vigoureux, technique d'impression sur ruban).

    III- Salaires, prestations sociales et formation.

    Le dernier chapitre concerne le personnel, notamment les salaires octroyés aux trois catégories d'employés représentés : ouvriers, 1937-1950 (dont frontaliers, 1962-1975), commerciaux, 1948-1966 et sociaux, 1962-1980, et les déclarations et paiements des cotisations de diverses prestations : retraites (1911-1930, 1953-1961), allocations familiales, 1927-1930, compléments familiaux, 1951-1966, mutuelle, 1972-1982, chômage, 1958-1982 et apprentissage, 1974-1982.

    Bon nombre d'employés ont fait carrière dans l'entreprise. Leurs noms figurent dans les listes des Médaillés du travail de 1921 à 1971 (UD 0218).

  • Historique de la conservation

    Les archives des Établissements Scrépel sont entrées au Centre des archives du monde du travail en août 1991 et ont fait alors l'objet d'un tri sommaire en équipe. Le classement définitif a été confié, en 1998, à Mme Dormion, secrétaire de documentation.

    Les archives ont été conservées dans leur intégralité.

  • Statut juridique
    Archives privées
  • Présentation du producteur

    L'entreprise a été fondée le 4 octobre 1862 par Émile Scrépel-Moyart et Alphonse Toussaint, sous la dénomination Scrépel-Moyart, Toussaint et Cie, société en nom collectif. Au décès de M. Emile Scrépel, en 1891, l'entreprise est rachetée par moitié par Charles Scrépel, fils du fondateur, et Melle Augustine Moyart. Classée insalubre la même année, l'usine est mise en conformité avec les règlements et reçoit définitivement l'autorisation de fonctionner en 1894.

    En 1897, avec l'entrée dans la société de M. Alphonse Scrépel, frère de Charles, l'entreprise devient « Établissements Charles et Alphonse Scrépel », société en nom collectif. A la mort de Charles Scrépel en 1917, elle prend la dénomination « Alphonse Scrépel et Cie », société en commandite simple entre Alphonse Scrépel et Mme Veuve Charles Scrépel (acte passé en 1922).

    Au décès de M. Alphonse Scrépel en 1928, l'entreprise devient Société Anonyme des Ets Scrépel, avec pour administrateurs MM. Benoît Roussel, Charles Scrépel fils, Paul Delannoy et Léon Deschepper.

    En 1971, l'entreprise est devenue Société nouvelle des établissements Émile Roussel et fils et Scrépel réunis. Dans les années 1980, elle compte encore 54 personnes, mais se trouve en difficulté. Devenue Teinturerie industrielle de Roubaix (TIR) puis Nouvelle teinturerie industrielle de Roubaix (NTIR), elle ferme en 1990. A la fermeture de l'établissement, le bâtiment a été racheté par le SIAR ; le savoir-faire TIR-Scrépel a été repris par la société Pierre Decoster et Cie, de La Gorgue.

    Activités : d'abord teinturerie sur ruban, puis traitement irrétrécissable de la laine, et enfin teinturerie sur bobine. L'entreprise, qui comptait 40 ouvriers dès 1869, en emploie une centaine en 1894. Elle aurait employé jusqu'à 150 personnes.

    L'usine, qui avait été très endommagée lors de la première guerre mondiale, fut reconstruite en 1930 par les architectes René et Marcel Dupire, et agrandie le long de la rue du Coq français en 1955. Une partie des constructions a été abattue en 1993. Il ne reste en septembre 1994 que le bâtiment 1930 situé à l'angle des rues de la Tuilerie et du Coq français.

  • Bibliographie

    Sélection d'ouvrages de la bibliothèque des ANMT cotés sous la lettre H :

    • LECAILLON, J. Les industries textiles dans le Nord-Pas-de-Calais. Structures et perspectives. Lille, Comité d'expansion économique du Nord-Pas-de-Calais (CERES), 1958, 120 p.
    • HILAIRE, Yves-Marie. Histoire de Roubaix. Dunkerque, Westhoek, 1984, 367 p.
    • ROUZIERS, Paul de. Les grandes industries modernes. Tome III : Les industries textiles. Paris, 1925, 263 p. (chap. III : l'industrie de la laine, p. 53-70 ; chap. IX : marchés de la laine, p. 197-218)
    • GRISON, T. La teinture au XIX siècle en ce qui concerne la laine et les tissus où la laine est prédominante, t. 1-2, 3e édition. Paris, Rougier et Cie, 1884, 317 et 365 p., ill.
    • GARCON, Jules. Pratique du teinturier, t. 1-2. Paris, imp. Gauthier Villars et Fils, 1893, 148 et 391 p., ill.
    • SPETEBROOT Henri, Traité de la teinturerie moderne. Paris, Dunod et Pinat, 1917.
    • Technologies textiles. Module 2. S.l., s.d. (1990), 200 p. environ. (planches reproduisant de très nombreux tableaux et schémas ; chap. V : l'ennoblissement des matières textiles).

    Plusieurs fonds d'archives des ANMT comprennent également des ouvrages généraux et spécifiques sur l'industrie textile (ex : 1996 2 1 à 14).

     

  • Mots matières
    industrie textile
  • Lieux
    Roubaix (Nord, France)

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