C'est entre les années 1942 et 1944 que la Coopérative Centrale du Personnel des Mines du Nord-Pas-de-Calais (CCPM) tire ses origines, au départ pour succéder au service d'approvisionnement des houillères (SAH dissous en 1941). La CCPM est...
C'est entre les années 1942 et 1944 que la Coopérative Centrale du Personnel des Mines du Nord-Pas-de-Calais (CCPM) tire ses origines, au départ pour succéder au service d'approvisionnement des houillères (SAH dissous en 1941). La CCPM est d'abord une association civile de type 1901 dont les statuts ont été déposés le 20 janvier 1945 et c'est alors un simple organisme de distribution, mais elle se transforme rapidement après la fin du ravitaillement afin de devenir une coopérative de consommation interentreprises anonyme à personnel et capital variables le 14 avril 1947 (249 500 actions de 100 francs sont mises en vente). Les statuts de la CCPM sont une nouvelle fois modifiés lors de l'assemblée générale extraordinaire du 9 juillet 1955. La Coopérative Centrale du Personnel des Mines devient Coopérative Centrale du Pays Minier, c'est-à-dire qu'elle ne s'adresse plus uniquement aux mineurs mais à l'ensemble des consommateurs qui sont à l'époque admis dans les magasins sociaux. Cette modification change le statut du personnel de la coopérative qui ne peut plus cotiser à la Caisse Autonome Nationale car la coopérative ne satisfait plus à la condition d'être régulièrement constituée dans le cadre de la profession minière.
La CCPM a connu une implantation plutôt houleuse dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, en effet de nombreuses coopératives de consommation étaient déjà implantées dans la région et l'arrivée de ce nouvel organisme est vue d'un mauvais oeil par la concurrence d'autant plus que la CCPM est accusée d'avoir profité de la situation particulière de la guerre pour se développer tandis que la plupart des autres coopératives qui existaient déjà avant la guerre ont vu leur activité largement réduite, voir totalement démantelée à la même époque. Cet accueil plus que mitigé s'explique par plusieurs facteurs. Entre 1947 et 1949 la CCPM ouvre plus de soixante magasins qui sont en concurrence directe avec ceux d'autres coopératives allant parfois jusqu'à occuper des locaux qui ont dû être abandonnés au début de la guerre : comme à Billy-Montigny en 1948 où la CCPM a dû restituer des locaux utilisés pour la distribution du ravitaillement à la coopérative de Courrières propriétaire des lieux. De plus la CCPM refuse de rentrer dans la fédération nationale des coopératives de consommation (FNCC) ce qui l'obligerait à respecter les règles de concurrence imposées par l'organisme central et dont sont membres les autres coopératives de consommation de la région. En fait une demande d'adhésion a bien été formulée le 2 janvier 1948 mais les démarches ont été abandonnées assez rapidement, finalement la CCPM n'adhérera à la FNCC qu'en 1979. Dans le même temps, la CCPM connaît un développement très rapide et très important avec un chiffre d'affaire et un nombre de sociétaires supérieurs à ceux de toutes les autres coopératives existantes même si ce succès peut être nuancé puisque la CCPM a connu quelques difficultés au début des années 1950 après des débuts tonitruants (le chiffre d'affaire passe de 300 millions de francs en 1946-47 à 185 millions de francs en 1951, contre les 220 millions de francs initialement prévus et on parle à l'époque d'une petite crise).
La CCPM est une coopérative marquée par une forte empreinte communiste et elle est caractérisée, pour ses fondateurs et dirigeants, Auguste Lecoeur, Victor Foulon, par une idéologie progressiste qui vise à l'émancipation ouvrière par l'accès à une contre-culture à l'opposé de l'atmosphère de l'époque et c'est pourquoi on retrouve dans ce fonds des documents liés à La Maison du Peuple, librairie coopérative fondée par la CCPM et qui sera cédée par la suite au Syndicat des Mineurs Cégétistes, ainsi que quelques traces (diapositives) de colonies de vacances qui ont été organisées par la coopérative en partenariat avec L'Entr'aide Sociale du personnel des HBNPC (par exemple dans la villa d'Acq à Villers-au-Bois dans le Pas-de-Calais).
Une part très importante du fonds est en fait constituée par les archives de L'Ouvrière d'Avion, coopérative de consommation fondée en juillet 1898 et qui s'est retrouvée en grande difficultés au cours des années 1950. La CCPM lui a alors soumis une proposition de fusion et le 29 juin 1955 L'Ouvrière lui cède le bail de ses biens immobiliers et ne garde que son service boulangerie sous sa gestion. On trouve également d'autres sous-fonds, de moindre importance matérielle : les archives de L'union Seclinoise, coopérative basée à Seclin et fondée en 1919 et qui contiennent elles-mêmes le sous-fonds de la société musicale La Prolétarienne, ainsi que le sous-fonds de la Société d'Achats et de Manufacture des Matières Textiles (SAMAT), une entreprise basée à Hénin-Liétard et qui est fournisseur de textile de la CCPM.
La CCPM reste en activité jusqu'en 1985, année au cours de laquelle elle est mise en règlement judiciaire le 18 septembre puis en liquidation des biens le 25 novembre à la suite de grosses difficultés financières. C'est sous la direction de Gaston Filiot, dernier président directeur général de la coopérative, que celle-ci cesse définitivement son activité le 14 février 1986.