C'est à trois industriels lillois que l'on doit en 1849, les premiers sondages et la découverte de veines de charbon dans la région lensoise. Les trois hommes s'associent alors avec la compagnie de Vicoigne qui avance la moitié des actions à la Société de Lens. Le 12 février 1852, cette dernière prend la forme d'une société civile. Le 23 octobre suivant, un nouveau décret interdit les réunions des concessions, de sorte que la compagnie de Lens rachète les parts de son associé. Enfin, en 1853, un décret parait et attribue à Lens une concession de 6 939hectares.
Les débuts de la compagnie sont assez laborieux : en 1855 la production n'est que de 38 000 tonnes par an et à la fin de cette décennie, avec deux fosses en activité, elle atteint à peine les 100 000 tonnes. À partir de 1860, la production et les effectifs augmentent régulièrement à mesure que de nouvelles fosses sont foncées. Ainsi en 1870, on compte quatre fosses, 1 538 mineurs et 566 ouvriers du jour. En 1873, la fosse 6 est rachetée à la Compagnie des mines de Douvrin et en 1880, la production totale atteint les 924 000 tonnes. Dix ans plus tard, elle arrive à 1 728 000 tonnes, et on compte 6 400 ouvriers et employés, 870 enfants et 29 femmes travaillant pour la Compagnie des mines de Lens.
À cette augmentation des effectifs répond aussi une politique tout à fait paternaliste de la part de la société pour fixer son personnel. Ainsi en 1898, on compte 3 713 maisons (louées au prix de 5 à 10 francs par mois) réservées au personnel, des écoles privées sont bâties (on y dénombre 2 504 enfants) et la Compagnie accorde aussi des subventions aux caisses de secours et de retraites.
Progressivement, une coopérative de consommation est mise en place, de même que des sociétés de musique ou des associations de jeu. À la veille de 1914, avec 16 fosses en activité, la société atteint une production de 3 867 197 tonnes, elle est la plus puissante compagnie houillère française : 16 319 ouvriers y travaillent, 7 474 maisons ont été construites, de même que 210 kilomètres de voies ferrées.
En 1918, tout est détruit. Il faut attendre le 2 novembre 1920 pour que le dénoyage des fosses puisse commencer. Progressivement, les blessures se cicatrisent, ainsi en 1928, 18 sièges d'extraction sont rétablis et en 1939, les 33 puits sont munis de leur chevalement définitif, de même que 302 kilomètres de voies ferrées ont été installés.
En 1920, Lens a absorbé Meurchin, et à la veille de la Seconde Guerre mondiale, on compte 17 333 ouvriers et 10 000 maisons appartenant à la société.
Après le conflit, la nationalisation des anciennes compagnies minières s'effectue en deux temps. L'ordonnance du 13 décembre 1944 institue les Houillères nationales du Nord et du Pas-de-Calais, et la loi du 17 mai 1946 crée les Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais. Situé au centre du bassin, le Groupe de Lens reprend les limites des anciennes compagnies de Lens, Meurchin, Douvrin et Annoeullin et s'étend sur 8 924 hectares. Les puits ferment un à un à partir des années 1970 et les HBNPC sont dissoutes en 1993.
[Historique repris du répertoire numérique 1994 055 Mines de Lens, rédigé par Lilian Pothron et François Lefebvre en 1994 sous la direction du conservateur Armelle Le Goff.]
