L'entre-deux-guerres (1918-1939) voit la naissance d'une action catholique spécialisée dans le monde ouvrier, notamment avec la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Cela résulte d'une prise de conscience des séminaristes que la paroisse traditionnelle est déconnectée du milieu ouvrier fortement déchristianisé. La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) entraîne le brassage du clergé avec le reste de la population puisque de nombreux prêtres sont mobilisés. Ils sont alors confrontés au quotidien et à la guerre et réagissent dès 1942. Jacques Loew devient le premier prêtre à travailler comme...
...
L'entre-deux-guerres (1918-1939) voit la naissance d'une action catholique spécialisée dans le monde ouvrier, notamment avec la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Cela résulte d'une prise de conscience des séminaristes que la paroisse traditionnelle est déconnectée du milieu ouvrier fortement déchristianisé. La Seconde Guerre mondiale (1939-1945) entraîne le brassage du clergé avec le reste de la population puisque de nombreux prêtres sont mobilisés. Ils sont alors confrontés au quotidien et à la guerre et réagissent dès 1942. Jacques Loew devient le premier prêtre à travailler comme ouvrier en tant que docker au port de Marseille pendant trois ans. Plusieurs prêtres suivent son exemple les années suivantes. Le cardinal Emmanuel Suhard crée finalement en 1943 la Mission de Paris, sur le modèle de la Mission de France, destinée à former les prêtres pour la classe ouvrière parisienne. À la fin de la guerre, un certain nombre de prêtres commencent à vivre leur ministère en usine : c'est un moyen de rétablir le contact entre l’Église et les travailleurs. Le Nord connaît très tôt le phénomène des prêtres-ouvriers : dès 1946, Jacques Screpel, prieur du couvent des Dominicains de Lille, fait son apprentissage de fraiseur à Hagondange, avec l'accord de l'évêque de Lille, Monseigneur Liénart. D'autres expériences sont tentées dans les mêmes années, avec plus ou moins de succès. Ils participent activement à la vie du monde ouvrier en s'engageant dans les syndicats, les associations et même les partis politiques. Cette prise de position provoque la méfiance de Rome. Dans le contexte de Guerre froide, le pape Pie XII décide en 1954 d'arrêter l'expérience des prêtres-ouvriers en leur demandant de se retirer des usines, et cela malgré la résistance de certains évêques français, dont le cardinal Liénart. La plupart obéissent et démissionnent, mais quelques-uns restent au travail et se font appelés les Insoumis. Le concile Vatican II en 1965 change la situation en autorisant les prêtres à reprendre le travail dans les usines. Ils sont alors rattachés à la Mission ouvrière, sans pour autant créer une nouvelle congrégation. En 1976, ils atteignent le nombre de 800 en France.
Les prêtres-ouvriers ne forment pas un corps sacerdotal à part, ni un mouvement. Ils se regroupent souvent en équipes, qui leur permettent une mise en commun des actions, des activités, des expériences et un soutien collectif. Les équipes élargissent leur horizon en se réunissant par département puis par région. Cela se traduit notamment par des rassemblements régionaux, nationaux et même internationaux. Ces équipes ou collectifs n'ont pas d'existence légale puisqu'il ne s'agit pas d'associations formées sur la loi de 1901. C'est pourquoi on ne retrouve aucune pièce juridique dans ce type de fonds. La région Nord-Pas-de-Calais ne fait pas exception : les trois diocèses du Nord (Lille, Arras, Cambrai) regroupent des équipes de prêtres-ouvriers de la région. Leurs engagements sont nombreux : ils militent au sein du syndicat Confédération Générale du Travail (CGT), des associations locales, mais ils luttent aussi contre l'exclusion sociale.
Aujourd'hui, on ne parle plus de prêtres-ouvriers mais de prêtres au travail. Ceux-ci agissent au sein d'organismes comme la JOC, la Mission ouvrière, l'Action catholique ou la Mission de France. Ils se retrouvent prioritairement dans le secteur industriel, mais ils se sont diversifiés dans d'autres secteurs d'activités, d'où le nom de prêtre au travail. Face à l'évolution du monde ouvrier et du monde du travail, de nombreux prêtres se mettent au service des chômeurs, des précaires, des sans domicile fixe ou des immigrés. On comptait près de 400 prêtres au travail en 2005 en France.