Michel Hug est né le 30 mai 1930 à Courson-les-Carrières (Yonne). De parents instituteurs, il fait ses études au Lycée d’Auxerre, puis au Lycée Saint-Louis. Ingénieur de l’Ecole Polytechnique en 1949, puis de l’Ecole Nationale des Ponts-et-Chaussées en 1954, il obtient une bourse pour effectuer deux années de recherches consacrées à l’hydraulique et la mécanique des fluides à la State University of Iowa (Etats-Unis). Celles-ci sont sanctionnées en 1956 par un Ph.D de Philosophy, soit l’équivalent américain d’un doctorat français.
De retour en France, il entre en 1956 à Electricité de France où il consacre dix ans à la recherche au Centre de Recherches et d’Essais de Chatou. Nommé en 1966 directeur régional de l’Equipement de la région Alpes Sud à Marseille, il participe à l’aménagement hydroélectrique des Alpes-Maritimes, du Var, des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes et de la Corse. Il occupe de 1969 à 1972 le poste de Directeur Adjoint puis de Directeur des Etudes et Recherches. Dès lors, son nom est lié à la réalisation du programme nucléaire français. Il affirme dans ses nouvelles fonctions ses qualités d’industriel et d’homme de communication. C’est à lui que l’on doit l’idée de la construction de centrales nucléaires par tranches identiques. D’où un gain au niveau des coûts, de la fiabilité et des délais. Mais M. Hug n’est pas seulement un industriel. Il sait aussi mobiliser les hommes autour d’un projet, convaincre les ingénieurs et les techniciens de mettre leur compétence au service du nucléaire. Progressivement il réussit à faire passer auprès d’une opinion publique au départ réticente, l’importance de ce défi technologique pour la France.
En 1972, il prend la tête de la Direction de l’Equipement et y reste dix ans. Cette direction a pour fonction la conception, la réalisation et la mise en service des ouvrages de production d’électricité nécessaire à l’alimentation du réseau, et ce dans le cadre d’une politique énergétique définie par les pouvoirs publics. Elle se compose d’un service central, d’un service « Etudes et Projets Thermiques et Nucléaires » aussi appelé SEPTEN, d’un service de Contrôle des Fabrications (SCF), un service d’Equipement Nucléaire Extérieur, dit SENEX et de cinq régions d’Equipement, Paris, Clamart, Tours, Alpes-Lyon et Alpes-Marseille.
Dans une note du 15 mars 1982, sont rapportées les idées forces d’une discussion sur le présent et l’avenir de la Direction de l’Equipement, tenue lors d’une réunion à l’Inspection Générale : « Consacrée essentiellement à la réalisation du programme nucléaire français, la décennie écoulée est fortement « typée » […] enracinée dans le passé, elle l’est à travers les hommes (ce sont les mêmes qui, en une génération, ont forgé la Direction de l’Equipement, fourni les compétences, rôdé les méthodes, par exemple la politique des paliers ) et les réalisations : maintien d’un potentiel de compétences diversifiées et d’un programme de réalisations hydrauliques, thermiques, etc. […] La Direction de l’Equipement est devenue l’un des rares bureaux d’études de taille internationale que compte sa spécialité. Sa contribution à l’effort d’indépendance énergétique, donc de souveraineté, du pays, est essentielle. »
Son rôle « d’ensemblier » a été, dès le premier choc pétrolier, d’effectuer une mobilisation et une structuration industrielles sans précédent ( 20 milliards de francs par an pour près de 200.000 personnes et trois milles entreprises, aussi bien dans le domaine nucléaire que celui des énergies classiques et nouvelles).
La France a confié l'ingénierie de ses centrales au producteur d’électricité faisant de lui à la fois le maître d’ouvrage, l’architecte industriel et l’exploitant. Pour la première fois au monde, la notion de standardisation a été appliquée à la construction des centrales nucléaires. Il s’agissait de concevoir un produit susceptible de reproduction à l’identique, mais adaptable, en particulier au site, et perfectible, pour y intégrer l’évolution des contraintes de sûreté et le bénéfice du retour d’expérience. La standardisation se devait d’être finalement la condition nécessaire pour une fiabilité optimale, une tenue des coûts et des délais grâce à l’unicité de constructeurs pour les grands composants et la signature de contrats groupés ou pluriannuels garantissant de la part des entrepreneurs une sorte « d’Assurance-qualité ».
La politique de standardisation et des paliers imposait une certaine centralisation des études, la réalisation devant au contraire rester décentralisée. Par conséquent la Direction de l’Equipement s’est-elle soumise à des remaniements organisationnels et à l’adoption de nouvelles préoccupations que sont devenues la protection de l’environnement ou l’insertion des ouvrages dans l'environnement socio-économique. Celles-ci résultent des multiples processus de concertation centrale et locale entamés pour le choix et l’ouverture des sites d’implantation du programme.
L’enjeu en 1973 était aussi clair qu’ambitieux : substituer au pétrole les deux seules sources d’énergie rapidement et successivement disponibles, le charbon et l’énergie nucléaire.
En mars 1982, Michel Hug devient aussi délégué général aux affaires techniques d’EDF après avoir été pressenti pour être PDG des entreprises nationalisées (Thomson). Par ailleurs, ses postes successifs au sein d’EDF l’amènent à occuper d’autres fonctions : président de la Centrale Electrique Rhénane de Gambsheim (C.E.R.G.A, 1973-1982), vice-président de R.K.I. (1974-1982), membre du Conseil de surveillance de la Centrale nucléaire française à neutrons rapides (N.E.R.S.A, 1974-1982)), administrateur de la Société française d’études et de réalisations nucléaires (SOFRATOME, 1975-1982) et de la Société française d’ingénierie électronique nucléaire et d’assistance pour l’exportation, 1978-1982).
Nommé directeur des Charbonnages de France le 6 avril 1982, il se donne un double objectif : redresser l’entreprise, assurer son redéploiement sur des secteurs d’avenir. Sous sa direction, les trois principaux indicateurs de gestion – prix de revient, résultat et endettement- retrouvent une évolution positive. De septembre 1982 à novembre 1985, il préside le Conseil de Surveillance de CdF Chimie. D’avril 1985 à août 1986, il est administrateur de Charbonnages de France. De novembre 1985 à août 1986, il préside la conseil d’administration de CdF Chimie Ethylène Plastique. Parallèlement, il est de mai 1985 à octobre 1986 le président du Comité d’études des producteurs de charbon d’Europe occidentale, en mai 1992 l’administrateur délégué de l’Organisation des producteurs d’énergie nucléaires (OPEN).
Homme d’action et de terrain mais aussi de réflexion, il a poursuivi parallèlement à sa carrière, des activités de recherche et d’enseignement à partir de 1959 : aux Etats-Unis tout d’abord, puis comme Maître de conférence à l’Ecole Polytechnique et, il donne pendant plus de vingt ans (jusqu’en 1980) des cours de Mécanique des Fluides et d’Hydraulique à l’Ecole Nationale des Ponts-et-Chaussées. Il atteint le grade de professeur en 1963. Il figure enfin parmi les membres du Conseil de l’Ecole Nationale Supérieure de l’Electronique et de ses Applications en 1975 et préside, de 1980 à 1990, le Conseil de l’Ecole Nationale Supérieure d’Electrotechnique, d’Electronique, d’Informatique et d’Hydraulique de Toulouse (ENSEEIHT).
Ses activités scientifiques l’amènent, en plus de la publication d’articles et d’ouvrages, à se joindre à d’autres chercheurs dans des associations nationales et internationales. Il devient entre autres membre de l’Association Internationale de Recherches Hydrauliques (AIRH) en 1957, la préside de 1975 à 1979 après en avoir été vice-président en 1971. Il en préside la section Machines Hydrauliques, Equipement de Cavitation en 1963. En 1958, il rejoint le Comité Technique de la Société Hydrotechnique de France, puis prend en 1961 la vice-présidence de sa section machines. Il devient membre de la Société des Ingénieurs Civils de France en 1965 et entre enfin dans la National Academy of Engineering des Etats-Unis en 1979.
Il a publié de nombreux ouvrages dont un en 1975 avec Guy Delile, Organiser le changement dans l’entreprise : une expérience EDF.
Pour finir, Michel Hug est Commandeur de l’Ordre National du Mérite (1980), Chevalier des Arts et Lettres (1981), Officier dans l’Ordre des Palmes Académiques (1986), Chevalier du Mérite Agricole (1988) et Officier de l’Ordre de la Légion d'honneur (1995).
