Biographie d'Oscar Briquet :
(Biographie d'Oscar Briquet réalisée par Hélène Maréchal dans le cadre de son mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine à l'Université de Lille 3 : Hélène Maréchal, Biographies de militants CFTC-CFDT de Lille (1945-1970), sous la direction de J. Prevotat et A.R. Michel, juin 1999.)
Oscar Briquet nait le 11 février 1929 à Seclin. Après l'école primaire, il poursuit ses études à l'Institut Diderot, établissement professionnel laïc. En quatre ans, il passe un double C.A.P. en mécanique et en automobile, puis un brevet professionnel. En 1940, il subit avec sa famille l'évacuation, puis l'un de ses frères doit partir travailler en Allemagne.
Dès la fin de ses études, Oscar Briquet trouve un emploi de mécanicien automobile ; il a seize ans. Il est peu après appelé sous les drapeaux, mais il est réformé au bout de quatre mois pour un début de pleurite. Il change alors de métier pour s'occuper de petite mécanique, autrement dit il répare des machines à écrire dans trois entreprises successives.
À l'institut Diderot, Oscar Briquet est entré à la JEC (Jeunesse étudiante chrétienne). Il découvre la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) par la suite et il devient rapidement fédéral. Cette organisation lui fait prendre conscience de l'existence d'une identité ouvrière. Pour lui, c'est le « déclic » (Entretien de Hélène Maréchal avec Oscar Briquet). Il se sent fier d'être ouvrier et prend conscience également de la « nécessité de changer le monde » (Entretien de Hélène Maréchal avec Oscar Briquet). Sous l'influence de la JOC, il adhère à la CFTC dès son entrée dans la vie active. À cette époque, le syndicalisme passe après la JOC. Il commence à militer dès son retour de l'armée, la JOC restant son principal souci.
L'engagement d'Oscar Briquet débute réellement en 1956. En effet, il décide de se faire engager dans une grande entreprise pour « vraiment militer » (Entretien de Hélène Maréchal avec Oscar Briquet). Ainsi, en mai 1956, il entre comme contrôleur chez Thomson à Lesquin, usine de construction électronique. Ce métier ne lui plaît guère. Il devient alors ouvrier d'entretien puis il se diversifie en électromécanique. À l'usine, la CFTC est très minoritaire par rapport à la CGT. L'équipe CFTC est alors composée d'une majorité d'anciens jocistes. Déjà, elle se prononce en faveur d'une éventuelle « déconfessionnalisation ». Peu à peu, la CFTC gagne du terrain jusqu'à devenir majoritaire.
Oscar Briquet est rattaché au syndicat de la métallurgie. Il a longtemps été membre du conseil syndical. Pendant plus de 25 ans, il a été délégué du personnel, délégué au comité d'entreprise ainsi qu'au comité central d'entreprise. Il en a d'ailleurs été le secrétaire un peu moins de deux ans. Il a également fait partie du comité d'hygiène et de sécurité. Il a eu, avec la SSE (Section syndicale d'entreprise), à s'opposer à de nombreux licenciements au cours de ses mandats syndicaux, y compris devant le tribunal de commerce.
Les évènements syndicaux de 1964 ont marqué Oscar Briquet. Ça a été la réalisation d'un souhait formulé dès l'entrée à la JOC. Proche du groupe Reconstruction, il estime en effet que la CFTC n'est pas la seule dépositaire des valeurs essentiellement chrétiennes. Quatre années plus tard en 1968, l'usine est occupée pendant un mois. Il reproche à cette occasion à la CGT d'avoir des revendications uniquement quantitatives. L'année 1970 voit, selon lui, le début d'une « phase de politisation excessive du syndicalisme » (Entretien de Hélène Maréchal avec Oscar Briquet). D'après lui, on compte trop sur la politique pour faire changer les choses plus vite, ce qui l'a déçu à posteriori. L'autogestion alors prônée avait pour but de rendre les gens acteurs. Lui s'est même rendu à Lip [Lip est une entreprise d'horlogerie à Besançon. Le 17 avril 1973, les 1280 salariés s'opposent à la liquidation de l'entreprise. Le conflit est réglé le 24 janvier 1974 par la signature des accords de Dole. L'entreprise devient une Société coopérative ouvrière de production (SCOP) et la majorité du personnel est réemployée.] à Besançon pour y soutenir les salariés.
En décembre 1985, il a le choix entre partie en pré-retraite ou être licencié. Alors âgé de presque 57 ans, il se décide pour la première solution pour ne pas provoquer le licenciement d'un salarié plus jeune.
Jugeant le MRP trop « droitier » selon ses propres termes, il ne souhaite pas y adhérer. Il préfère s'engager au sein du PSU dès ses débuts en 1960. La formation du PS l'intéresse, mais il préfère voir comment il évolue avant de s'y engager. Il attend donc 1983 pour y militer.
