La Boulonnerie de Thiant est fondée en 1859 par Hector Sirot-Mallez, fils d'un maître de forges de Trith-Saint-Léger (Nord), dans le but de répondre aux besoins des sociétés de chemin de fer et d'électrification alors naissantes. L'usine se spécialise dans les boulons tire-fond et autres accessoires du rail, ainsi que dans les ferrures de type consoles et entretoises. Lancée avec des moyens artisanaux, l'usine possède un véritable équipement industriel à la mort d'Hector Sirot en 1898.
En juin 1899, ses enfants Paul, Georges et Albert Sirot transforment l'affaire en société anonyme. Après le décès d'Albert Sirot en 1903, l'expansion se poursuit sous la direction de Paul et Georges Sirot. À la veille de la guerre de 1914, les activités de l'entreprise s'étendent à la boulonnerie de commerce et de wagonnage, aux ferrures pour télégraphe, téléphone et lignes de transport de force électrique, aux plaques de garde de wagons, aux selles-arrêt. La Boulonnerie de Thiant, l'une des plus importantes de France, occupe alors 600 ouvriers et produit annuellement 14 000 tonnes.
Occupée pendant la Première Guerre mondiale, l'usine est pillée et en partie détruite par les Allemands. Grâce à un bon plan de redressement, l'entreprise est à peu près reconstituée dès 1921. À l'usine de Thiant, achevée en 1923, s'ajoutent deux autres acquises en 1919 : la fabrique de ferrures PTT du Bourget et la boulonnerie de Boussu-les-Mons en Belgique.
Paul Sirot décédé, Georges Sirot devient président de la société en 1924. Le marché s'ouvrant, le développement de l'usine de Thiant est décidé : les moyens de production sont regroupés à Thiant, on met en place de nouveaux ateliers et des logements supplémentaires pour le personnel. En 1930, la Boulonnerie de Thiant retrouve sa place d'avant-guerre sur le marché.
Mais, dès 1934, on enregistre une perte de vitesse due à l'évolution des techniques (progrès du béton armé, concurrence du chemin de fer par l'automobile). Une diminution de capital est opérée en 1936. En dépit de ces difficultés, la modernisation de l'usine se poursuit jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
Pendant cette guerre, l'usine ne ferme que de mai à juillet 1939. Elle fonctionne avec des effectifs réduits par la mobilisation, en dépit des difficultés d'approvisionnement en matière première et combustible. Hector Sirot, petit-fils du fondateur, administrateur-délégué depuis 1926, en devient le président-directeur général en 1940. À l'issue de la guerre, l'usine est presque intacte. Les besoins en boulonnerie sont importants à cette époque, du fait de la reconstruction, mais la pénurie de charbon empêche encore toute activité régulière. Face à l'importance de la demande, un effort de modernisation s'opère, notamment dans le domaine du matériel de production.
Cet essor ne dure que quelques années. Vers 1950, force est de constater que le marché se dégrade : les chemins de fer, principaux clients, sont en difficulté ; la concurrence du béton armé se fait sentir ; le prix de l'acier a considérablement augmenté. Des tentatives d'exportation sont entreprises vers les Etats-Unis, l'Australie, l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Maghreb, mais la concurrence est forte. Dès 1958 les métiers traditionnels de voie ferrée, mines, charpente métallique (métiers de la frappe à chaud) sont en déclin. Dans les années 1965-1966, Thiant amorce une reconversion vers la frappe à froid et la fabrication d'écrous. L'entreprise abandonne la raison sociale "Boulonnerie et ferronnerie de Thiant" pour celle de "Boulonnerie de Thiant" et ferme son usine du Bourget. À l'issue de ces changements, Paul Sirot, fils d'Hector Sirot, prend la présidence en 1967. On construit un atelier spécialisé dans la frappe à froid, et la structure commerciale de l'entreprise est remaniée.
La reconversion se révèle difficile ; le choc pétrolier de 1973, notamment, aggrave la situation. L'une des principales filiales de la société dépose son bilan en 1978. Entre 1976 et 1987, les effectifs passent de 479 à 183 personnes. Dès 1982, l'entreprise ne peut plus faire face seule au financement des licenciements. De 1983 à 1985 sont menées des études de rapprochement avec des groupes industriels. La société est remaniée en 1986 : réduction de capital, changement de président, Paul Sirot restant directeur général. Puis, la Boulonnerie et ferronnerie de Thiant passe sous le contrôle du groupe GFI-Industrie en janvier 1991. Elle est absorbée par la société Former en 1992.