Notice descriptive

Grailles (Maurice), médecin au Centre d'études médicales minières.

  • Grailles (Maurice), médecin au Centre d'études médicales minières.
  • Présentation du contenu

    Le fonds d'archives du docteur Maurice Grailles a été donné en 2007 aux Archives Nationales du Monde du Travail par son fils, Monsieur Maurice Alain Grailles, au moment de son décès. Il s'agit à la fois d'archives publiques pour les documents relevant de l'activité de Maurice Grailles au Centre d'études médicales Minières des Houillères du Bassin Nord-Pas-de-Calais de Sin-le-Noble (Nord) et d'archives privées pour les papiers de famille et personnels et pour les documents résultant de ses activités associatives. Un tri important a été opéré dans les archives du Centre médical, notamment toutes les biopsies de poumon ont été éliminées pour des raisons sanitaires, dans la mesure où les résultats d’analyse et études figurent dans le fonds. Il n'en demeure pas point que ces documents sont les seuls conservés à ce jour en provenance de ce centre médical des HBNPC, qui n'était jusque là que mentionné dans les archives du siège des Charbonnages de France et dont les archives de fonctionnement ont disparu.

    2007 52 1-45 - Archives publiques : Centre d'études médicales minières des HBNPC, Sin-le-Noble (Nord). - 1938-1993
    2007 52 46-127 - Archives personnelles. - 1929-2004

  • Modalités d'entrées

    Lettre de don du 3 juin 2007.

  • Présentation du producteur

    Maurice Louis Benjamin Jules Grailles est né à Cambrin (Nord), le 4 avril 1911. Il s'est marié le 9 novembre 1936 à La Bassée (Nord) avec Marie Louise Fideline Josephe Louvieaux née à La Bassée le 13 août 1914. Le docteur Maurice Grailles a exercé au Centre d'études médicales Minières des Houillères du Bassin Nord-Pas-de-Calais de Sin-le-Noble (Nord). Il meurt en 2006 à l'âge de 95 ans.

    Créé en 1949 par le Conseil d'administration des Houillères Nationales, ce centre avait pour objet l'étude et la recherche sur les questions de pathologie professionnelle, d'hygiène industrielle et d'hygiène générale propres au bassin du Nord et du Pas-de-Calais et plus particulièrement sur la silicose. Organisme central, il coordonnait l'ensemble des travaux réalisés dans les huit groupes du Bassin, mettant au point des techniques nouvelles, stimulant enfin les recherches vers la connaissance des pneumoconioses, maladies des voies respiratoires notamment celles des mineurs de charbon.

    Selon la teneur en quartz (forme libre et cristallisée de la silice) des poussières inhalées, deux maladies se distinguent par des lésions et la gravité de leur évolution, la silicose et la pneumoconiose du houilleur. Sous l'influence des mesures de prévention, les lésions de la silicose ont fait progressivement place aux lésions de la pneumoconiose du houilleur. Dès 1965, après 20 ans de lutte contre les poussières, la silicose s'observe dans 10% des cas. Mais les facteurs individuels influencent l'apparition et l'évolution des deux maladie. La nocivité d'un chantier se définit selon la concentration en poussières et selon leur teneur en quartz : indice koniotique. Les lésions pneumoconiotiques évoluent de façon inéluctable. Deux complications graves peuvent survenir, l'insuffisance respiratoire chronique et la tuberculose.

    Le travail de Maurice Grailles consistait essentiellement dans le dépistage.

    Le champ d'action est tracé par un Conseil scientifique lors de réunions périodiques permettant la confrontation d'idées entre techniciens et médecins. En effet, ce conseil est composé de personnalités des Facultés de Médecine et des Sciences de Lille, de médecins chefs de groupe et d'ingénieurs des Houillères, sous la présidence du Professeur de médecin du travail et médecine sociale de la Faculté de Lille.

    C'est en juillet 1954 que le Centre a été transféré à Sin-le-Noble ; Le plan d'installation a été conditionné par l'organisation en quatre sections : pneumologie et examens fonctionnels, anatomie pathologique, biologie, physique et chimie. Le travail est réalisé par une équipe de collaborateurs, occupés à temps complet comprenant : un médecin-directeur, un médecin-adjoint pneumologues, un biologiste, un physicien dirigeant le bloc technique. Il est en lien étroit avec les organismes scientifiques ou similaires à l'échelon régional, national et international : Institut de médecine légale et sociale de Lille, Centre hospitalier, cliniques pneumologiques et cardiologiques de la Faculté de Lille, Faculté des Sciences, Charbonnages de France et autres Bassins français, dont le CERHAR (Centre d'Etudes et de Recherche de Charbonnages de France), et les Centres étrangers de recherches médicales minières.

    Il décèle les ouvriers atteints ou menacés de silicose, établit les critères des chantiers dangereux, mesure l'efficacité des mesures de prévention, met dans le circuit de la production, grâce à l'effet de régimes appropriés, de nombreux jeunes que les privations des années d'Occupation ont dangereusement marqués.

    Dans le domaine de la recherche scientifique, il essaie de comprendre l'action du quartz sur les poumons. Dans le domaine de la prévention, des résultats ont été obtenus. Le Centre peut affirmer qu'il n'y a plus de danger de devenir silicosé dans les voies au rocher équipées de matériel moderne de foration, et que les risques sont fortement réduits dans les chantiers d'abatage. Dans le domaine de la thérapeutique, le Centre est durant toute sa durée devant le néant, il ne peut que soulager les silicosés faute de pouvoir les guérir.

    L'histoire de ce centre est liée à celle des Charbonnages de France (loi de nationalisation de 1946) et à la "bataille du charbon" mais aussi à la naissance du statut du mineur en juin 1946 qui reconnaît leur maladie professionnelle liée aux poussières de charbon. Le Docteur Grailles y a donc exercé pendant une grande partie de sa carrière.

    Par ailleurs, il dirige en qualité de président la Maison des enfants de Trélon (Nord), œuvre fondée en 1922 selon la loi 1901 et reconnue d'Utilité publique en 1934. Cet établissement servit d'abri à 54 enfants juifs envoyés clandestinement et qui furent sauvés de l'holocauste. Lors d'une cérémonie commémorative en 1989, la médaille des Justes fut remise à l'Association. Cette structure, qui était anciennement un préventorium se reconvertie rapidement dans l'action sanitaire et sociale auprès de jeunes adultes et des adolescents :

    • en 1973 avec la création au château de Huda, d'un Institut Médico-Pédagogique et d'une Maison d'enfants à caractère social,
    • en 1976 à la ferme de Pont-de-Sains (Nord), avec la création du Centre d'aide par le travail à vocation exclusivement agricole pour adultes handicapés mentaux (C.A.T), qui contribue aussi au développement du tourisme local en étendant son activité à l'organisation de loisirs pour tout public tout en privilégiant l'accueil d'handicapés,
    • en 1980, à Fourmies (Nord), un Foyer d'adolescents rencontrant des problèmes sociaux,
    • en 1985, au Centre de loisirs "le Bol Vert" à Trélon, annexe du CAT de Pont-de-Sains, située dans une ancienne verrerie restaurée.

    Il est également secrétaire général du Comité antituberculeux d'entraide et d'éducation sanitaire du Département du Nord.

    Malgré ses nombreuses activités, le Dr Grailles mène également une vie sociale véritable. Il anime au moment de sa retraite diverses associations, dont la délégation du Nord de l'Association du Souvenir Français et le Rotary-Club d'Avesnes (Nord). Au sein de cette dernière, il mène en qualité de président des actions en faveur des étudiants, des jeunes, des enfants de la faim ainsi que des troisième et quatrième âges.

  • Sources complémentaires

    ANMT : Archives des anciennes compagnies minières et des Charbonnages de France.

    Agence nationale pour la garantie des droits des mineurs à Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais) : dossiers individuels des mineurs.

    Association hospitalière du Nord-Artois Clinique (AHNC) à Flersen-Escresieux (Nord) : dossiers médicaux des mineurs

    Centre Historique Minier à Lewarde (Pas-de-Calais) : fonds des anciennes compagnies minières.

  • Bibliographie

    « Les maladies professionnelles : genèse d'une question sociale (XIXe-XXe siècles) », Revue d'histoire moderne et contemporaine, n° 56-1, janvier-mars 2009.

    Delore (Jacques), Contribution à l'étude historique des maladies pulmonaires professionnelles des mineurs depuis l'Antiquité jusqu'au début du XXe siècle, Lyon, Bose Frères, 1952.

    Rosental (Paul-André), Devinck (Jean-Claude), « Statistique et mort industrielle. La fabrication du nombre de victimes de la silicose dans les houillères en France de 1946 à nos jours », Vingtième siècle, Revue d'histoire, 95, juillet-septembre 2007, pp. 75-92.

    Pitti (Laure), « Du rôle des mouvements sociaux dans la prévention et la réparation des risques professionnels : l'exemple de Penarroya, années 1960-1980 », in Catherine Omnès et Laure Pitti, Cultures et risque au travail et pratique de prévention au XXe siècle, Rennes, PUR, 2009.

    Grailles (Maurice, Dr), Les pneumoconioses des mineurs de Charbon, 1993.

    Dautriat (J.), Ouilla ! Docteur un médecin au charbon, Saint-Étienne, Actes graphiques, 1979.

    De Voogd (Abraham, de), J'étais médecin à Ratintout, Paris, Éditions du Cerf, 1975.

    Mahieu (B.), Rothermundt(T.) et Benecht(M.), Actes des journées santé-sécurité de Charbonnage de France. 1997.

  • Mots matières
    éducation et sciences, protection sociale, sécurité au travail
  • Lieux
    Sin-le-Noble (Nord, France)
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