Notice descriptive

Les archives de Léon Belugou renferment essentiellement des dossiers de sociétés contenant :

• de la correspondance, en partie à caractère contentieux (lettres et copies de lettres, études, notes et pièces judiciaires, conventions, etc.) ;
• des documents financiers et administratifs courants (statuts, procès-verbaux de séances de conseils d'administration, comptes rendus d'assemblées générales, bilans, comptes pertes et profits, situations et prévisions financières...) ;
• des rapports établis par Léon Belugou ou ses collaborateurs à l'occasion de missions d'études sur les lieux mêmes des exploitations, faisant état des problèmes de main-d’œuvre, d'équipement, et de transport qu'elles connaissent, ainsi que de la nature des filons, de leur richesse, du résultat des fouilles (les études techniques sont parfois complétées par des graphiques, des cartes, des coupes).

Ces papiers révèlent en particulier les conditions difficiles de l'exploitation des mines en Indochine : main-d’œuvre volatile, absence de transports pour le matériel, caractère imprécis de la législation minière (les concessions appartenant aux premiers arrivés), complexité des discussions entre administrateurs. Les nombreux contentieux quant aux périmètres des concessions expliquent sans doute l'échec final de l'exploitation.

Les sous-fonds Lucienne Minot (correspondance relative au don des archives Léon Bélugou en 1982 aux Archives nationales) et Claudine Lessage (recherches biographiques sur les collaborateurs et les correspondants de Léon Bélugou) offrent des éléments bienvenus de compréhension du fonds.

Le présent instrument de recherche rassemble des documents parvenus en trois entrées aux Archives nationales du monde du travail.

• L'entrée 176 AQ a fait l'objet d'un don au Centre historique des Archives nationales en mai 1982, par Lucienne Minot, fille de Léon Belugou, des archives de son père, administrateur de plusieurs sociétés minières au Tonkin. Elle a été transférée en 1997 au Centre des archives du monde du travail à Roubaix sous le numéro de registre 1997 076.
• L'entrée 2015 1 a fait l'objet d'un don aux Archives nationales du monde du travail le 28 août 2014 par Jean-Claude Lesage, historien de l'art et expert en peintres des côtes du Pas-de-Calais. Lucienne Minot, fille de Léon Bélugou, avait donné par testament le reste des archives de son père à son fils, Jacques Turbé issu d'un premier mariage. Ce dernier les a vendues en 2011 à Claudine Lesage, épouse de Jean-Claude Lesage et amie de Lucienne Minot.
• L'entrée 2022 7 a fait l'objet d'un don aux Archives nationales du monde du travail le 15 mai 2022 par Jean-Claude Lesage qui a retrouvé ces archives oubliés du précédent don.

Léon Bélugou (1865-1934)

[Les éléments de biographie rassemblés ici proviennent d'une notice biographique « Autour de Léon Bélugou » conservé dans le dossier d'entrée de ce fonds aux ANMT]

Né à Tillenay (canton d'Auxonne, Côte d'or) le 30 décembre 1865, il meurt le 18 octobre 1934 à Meudon (Hauts-de-Seine).

Après des études classiques chez les Jésuites de Bellay, Léon Bélugou devient maître répétiteur au Collège Sainte-Barbe à Paris, puis prépare une licence de lettres. Il est quelque temps professeur de philosophie.

En 1888, il est engagé par Henri Marion comme rédacteur à La Grande Encyclopédie. En 1890, il obtient sa carte de presse auprès de la revue l'Ermitage. De 1894 à 1905, il participe à la Revue philosophique, à la Revue Blanche, au Mercure de France et à la Revue des Idées. Il rédige en 1904 la préface aux Soirées du Stendhal Club de Casimir Stryienski et collabore en 1913 à la Revue critique pour un numéro spécial sur Stendhal.

De 1901 à 1903, il effectue trois voyages à bicyclettes à travers l'Europe avec son élève André d'Humières.

Il entame en 1904 une carrière d'administrateur de sociétés qu'il poursuivra jusqu'en 1935. Il est mobilisé en 1914 dans l'Auxiliaire et attaché aux bonnes oeuvres de la Comtesse Greffulhe. En 1915, il fonde les ateliers Bugatti à Levallois avec Armand de Guiche. Après la Première Guerre mondiale, il dirige en métropole plusieurs entreprises de construction mécanique et d'optique de précision, fournisseurs des ministères de la Marine et de la Guerre, des grandes administrations et des gouvernements étrangers (Établissements Cuttat, Optique et Précision de Levallois fondée en 1918 avec Armande de Guiche, etc.)

Il s'est intéressé particulièrement aux projets de prospection et d'exploitation de gisements stannifères et aurifères en Indochine [Il effectue à cet effet deux voyage en Indochine aux mines de Cao-Bang en 1906-1908, puis en 1911-1912 dont le retour se fait par la Chine et le Transsibérien en passant par la Russie et le Japon]. Président du Conseil d'administration de la Société des mines d'étain de Cao-Bang [C'est en 1905 qu'à la rescousse d'Alexandre de Lafaulotte, un ancien élève, qu'il fonde cette société dont il devient le président du conseil d'administration], puis des Étains et Wolfram [ L'autre nom chimique est tungstène. Léon Bélugou, tenu pour responsable de la faillite de la société, en perd la direction] du Tonkin (EWT) qui lui succède en 1911, il contribue activement à la création des sociétés des Mines de Ban-Man (1923), des Mines d'or de Bao-Lac et des Étains d'Indochine (1926), des Étains du Cammon (1927), de la Compagnie fermière des étains d'Extrême-Orient (1930) et à la gestion de nombreuses autres sociétés minières, affaires pionnières confrontées à de multiples difficultés.

Il est :

• président du conseil d'administration de la Société des mines d'étain de Cao-Bang, créée en 1904 ;
• président du conseil d'administration de la Société des étains et wolfram du Tonkin, créée en 1911 ;
• administrateur de la Compagnie minière et métallurgique de l'Indochine, créée en 1919 ;
• associé à la gestion de la Société des mines de Ban Man, créée en 1923 ;
• associé à la gestion de la Compagnie générale d'Extrême Orient, en 1917 ;
• administrateur de la Compagnie fermière des étains d'Extrême-Orient ;
• administrateur de la Société des étains du Cammon, créée en 1927 ;
• président du conseil d'administration de la Société des étains de l'Indochine, créée en 1926 ;
• associé à la gestion de la Société d'études et d'exploitations minières de l'Indochine ;
• administrateur de la Société anonyme des Établissements Cuttat (machines outils, mécanique de précision) ;
• directeur des Laboratoires de Guiche, 86 rue Chaptal à Levallois (outillage d'optique) ;
• administrateur de la Société Optique et Précision de Levallois (appareils de mesure, altimètres, jumelles, etc.) ;
• administrateur et président du conseil d'administration des Établissements Corset (indicateurs jaugeurs automatiques pour aéronautique militaire, transmetteur d'ordres) ;
• commissaire aux comptes de la Compagnie de la Chine et des Indes, de 1921 à 1925.

Antoine de Gramont, duc de Guiche (1879-1962)

Issu d'une ancienne famille noble de Navarre au service des rois de France, Armand de Gramont, docteur ès sciences en 1911, est mobilisé en 1914 dans la section technique de l'aéronautique militaire. Il siège alors au Conseil supérieur de l'aéronautique militaire et à la Commission des inventions intéressant la Défense nationale. Dès 1917, il réclame la création d'un institut d'optique théorique et appliquée qui ouvre ses portes en 1919 et dont il devint le président. Avec Léon Bélugou, il fonde en 1915 les ateliers Bugatti Levallois (aviation et armement) et en 1918 la Société d'optique et de précision de Levallois, dont il assure la présidence.

En 1920, il est nommé secrétaire du comité français de l'Union internationale de physique et de mécanique. Membre (1931) puis président (1956) de l'Académie des sciences, président de la Société de physique et du conseil d'administration de la Revue d'optique théorique et instrumentale, Armand de Gramont invente un grand nombre d'appareils destinés à la marine ou à l'aviation tels que des appareils de télémétrie monostatique, des gyroscopes et altitélémètres.

Lucienne Minot (1920-2010)

Elle est la fille unique de Léon Bélugou et de Germaine Gien, élève de Lucienne Bréval et premier prix de chant et déclamation lyrique au conservatoire de Paris.

Claudine Lesage (1943-2013)

Professeur des universités en littérature anglo-saxonne (à l'université d'Amiens et à l'université de Boulogne-sur-Mer), travaille sur Edith Wharton, Marcel Proust et Léon Bélugou - trois auteurs liés entre eux - quand elle fait la connaissance de la fille de Léon Bélugou, dont elle devient amie. Elle publie Edith Wharton, Lettres à l'ami français. Correspondance établie et présentée par Claudine Lesage, Paris : Michel Houdiard éditeur, 2001, 156 p.

L'entrée 176 AQ a été inventoriée par Y. Bergeronaux et V. Dignac en 1982-1983.

L'entrée 2015 1 a été classée en 2016 par Gersende Piernas, chargée d'études documentaires, sous la direction de Vincent Boully et Raphaël Baumard. Le choix a alors été fait d'un unique répertoire méthodique décrivant les deux entrées.

Un travail de reprise et d'harmonisation (notamment s'agissant de la description des photographies) a été réalisé en 2022 par Raphaël Baumard, conservateur du patrimoine, et Clément Savary, agent intérimaire, à l'occasion de la rétroconversion de l'instrument de recherche.

L'entrée 2022 7 a été classée en 2022 par Gersende Piernas, chargée d'études documentaires, sous la direction de Quentin Schoumacher, conservateur du patrimoine.

Ont été éliminés les documents en double, soit 0,15 m.l. : notes, rapports, correspondance, 13 cartes postales noir et blanc, 10 photographies noir et blanc, 3 ouvrages (1890-1932).

Aux Archives nationales (site de Pierrefitte-sur-Seine) :

• 101 AP. Famille de Gramont. XIIIe-XXe siècles.
• 61 AQ. Papiers de la famille Greffuhle. 1566-1961.
• 188 AQ. Optique de précision de Levallois (OPL). 1895-1934.
• 189 AQ. Famille et entreprise de Wendel. 1205-2013.

Aux Archives nationales du monde du travail (Roubaix) :

• 2006 64 M. Papiers de la famille Greffuhle (microfilms). 1813-1856.
• 176 AQ. Léon Bélugou. 1898-1934.

Association des mines du Tonkin, L'industrie minérale indochinoise en 1933, Hanoï : Imprimerie d'Extrême-Orient, 1933, 314 p.

BEL (Jean Marc), Aperçu sur les gites minéraux de l'Indochine centrale connus en 1897, Saint-Étienne : Société de l'imprimerie Théolier, J. Thomas et Cie, 1898, 31 p.

BLONDEL (Fernand), La géologie et les mines de l'Indochine française, Paris : Société d'éditions géographiques, maritimes et coloniales, 1932, 148 p.

DUPOUY (Gaston), Études minéralogiques sur l'Indochine française [Texte imprimé] : minéraux, minerais, gisements, eaux et limons, industrie minérale indigène statistique, Paris : Larose, 1913, 438 p.

L'industrie minérale en Indochine / Indochine française, section économique ; Exposition internationale Paris 1931, Hanoï : Imprimerie d'Extrême-Orient, 1931, 72 p.

L'inspection générale des mines et de l'industrie [Texte imprimé] / Indochine française ; Exposition coloniale internationale Paris 1931, Hanoï : Imprimerie d'Extrême-Orient, 1931, 20 p.

Service Géographique de l'Indochine, Tonkin minier, [Hanoi] : Service Géographique de l'Indochine, 1928, 1 carte.

Service Géographique de l'Indochine, Indochine minière : sauf le Tonkin, [Hanoi] : Service Géographique de l'Indochine, 1928, 1 carte.

VILLA (Edward Manso de), The study of mines in China, Indochina and Malaya, Hong Kong : Printed by the Hong Kong daily Press, 1935, 226 p.