Notice descriptive
Association d'aide aux travailleurs migrants de la région lilloise (ADATERéLi).
- Association d'aide aux travailleurs migrants de la région lilloise (ADATERéLi).
Auteurs : Armelle Le Goff, conservateur du patrimoine ; complété par Gersende Piernas et Adeline Markey. |
Année de publication : 1994-2010 |
Cotes extrêmes : 1994 38 1 à 78 |
Dates extrêmes : 1953-1993 |
Importance matérielle : 4,10 ml |
Conditions de communicabilité : Fonds communicable et/ou reproductible sur autorisation préalable du propriétaire-déposant. |
Conditions de réutilisation : La réutilisation des documents extraits du fonds est soumise à l’autorisation de l’ayant droit. |
Présentation du contenu
Le fonds contient les rapports d'activités de l'association (1953-1993) ainsi que les dossiers et les fiches individuelles d'identification des migrants nord-africains et sud-est asiatique qui ont eût recours à l'aide de l'association (1960-1985). À ceci s'ajoutent quelques documents comptables et des dossiers relatifs au fonctionnement et aux relations qu'entretenait l'association avec d'autres structures afin d'aider les réfugiés dans leurs démarches administratives.
L'ensemble permet de mieux appréhender l'histoire de l'immigration en France à travers le point de vue d'une association. Il offre également un panel d'informations sur les migrants, leurs conditions de vie précaires et leurs difficultés sociales et professionnelles à s'intégrer dans la société française.
Modalités d'entrées
Le fonds de l'association ADATERéLi est entré au Centre des archives du monde du travail en décembre 1994 et en mars 1995. Il s'agit de Jean-Claude Boutry, directeur de l'association Aide aux travailleurs migrants Région Nord Pas-de-Calais, selon le contrat signé le 22 mars 1995.
Statut juridique
Une partie des actions de l'association relèvent de conventions avec l'État ou des collectivités territoriale, et sont susceptibles à ce titre de constituer une délégation de service public. Les documents s'y rapportant constituent des archives publiques. Tous les autres documents produits par l'association sont des archives privées.Présentation du producteur
Historique :
L'ADATERéLi est une association fondée le 24 mars 1953 à l'initiative de Messieurs Didier Motte et Marcel Dujardin. Ils ont réuni Jean Menet (nommé président de l'association), Bernard Méchin, Henri Mathias et Robert Sab, les fondateurs de l'association, pour agir face à une situation critique : celle de l'hébergement des travailleurs immigrés. Le siège social de l'association se situe au 207 boulevard de la Liberté à Lille (Nord) et développe ses activités dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Elle regroupe au sein de son conseil d'administration des personnes qualifiées d'origines diverses comprenant des représentants des grandes administrations (Préfecture, Équipement, Action sanitaire et sociale, municipalités), des caisses d'allocations familiales de Lille-Roubaix-Tourcoing et des organisations syndicales de patrons et de salariés.
Elle a pour objet l'amélioration des conditions de vie et/ou d'insertion sociale de diverses catégories de personnes de la région Nord : travailleurs migrants, familles, étudiants, personnes âgées, handicapées et défavorisées. Pour ce faire, l'association les aide en leur fournissant un logement et une assistance dans toutes leurs démarches administratives.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le Nord-Pas-de-Calais manque cruellement de main-d'œuvre pour reconstruire ses bâtiments décimés et développer son industrie. Le Ministère du travail impose à l'Algérie l'envoi d'un important contingent d'hommes en renfort. La région, qui bénéficie habituellement d'une main-d'œuvre frontalière, voit se réduire cet apport, les besoins des voisins belges se faisant également sentir.
Au début, ces travailleurs immigrés, venus participer à la reconstruction de la France, sont logés sur place dans des dortoirs ou des chambres fournis par leurs employeurs. Mais rapidement, le problème de l'hébergement devient alarmant. Beaucoup se retrouvent ainsi regroupés dans des baraquements insalubres et sans aucun confort.
Pour remédier à cette situation mais aussi aux problèmes sociaux de ces travailleurs nord-africains (illettrisme, difficultés d'intégration dans la société française), l'association sous sa première dénomination ADAFARéLi (Association d'Aide aux Français d'Algérie de la Région Lilloise) se donne trois objectifs, fixés le 12 avril 1953 lors de sa déclaration en Préfecture :
• créer et gérer des centres d'accueil, d'orientation et des bureaux d'interventions,
• des centres de convalescence,
• des centres d'hébergement transformables en logements familiaux.Un centre d'accueil est ainsi organisé à la fin de l'année 1953 au siège même de l'association, permettant d'offrir gratuitement et pendant quelques jours 17 lits aux migrants en situation difficile. Parallèlement, un bureau d'intervention répond aux demandes des migrants et les aide à résoudre leurs problèmes administratifs, professionnels et sociaux.
A leur arrivée en France, l'état des nouveaux immigrés n'est pas des meilleurs et les hôpitaux ne peuvent pas les accueillir. Un centre pour convalescents est alors ouvert dans les étages du siège de l'association dès le mois de mars 1955. Il reçoit les malades et les convalescents jusqu'à ce que les services hospitaliers de l'agglomération lilloise se développent suffisamment pour assurer leurs prises en charge. Il reçoit 1 160 personnes jusqu'en 1964, date de sa fermeture.L'hébergement des célibataires débute en 1956 avec l'ouverture du foyer de Marquette (qui compte 25 maisons), puis les foyers de Tourcoing-Magenta et de Roubaix-Beaurepaire. Ces structures assurent des conditions de logement correctes pour environ 650 travailleurs à des prix abordables, avec l'entretien et les charges comprises. En même temps que se construisent ces foyers, le problème des travailleurs arrivant avec leur famille est également pris en considération par l'association. Des appartements de transits pour les familles musulmanes sont aménagés à Lille puis à Roubaix. Ils existeront jusqu'en 1974.
Au début des années 1960, l'arrivée massive de travailleurs célibataires dans la métropole lilloise pousse l'association à se développer en créant des foyers de 60 à 95 lits dans des immeubles anciens à Lille, Roubaix et Tourcoing. De 1965 à 1970, l'association ouvre six grands foyers à Lille, Roubaix mais aussi à Fâches-Thumesnil, Sequedin, Wasquehal et Wattrelos.
En 1964, l'Association transforme son titre en Association d'Aide aux Travailleurs Africains de la région Lilloise (ADATARéLi). Deux ans plus tard, suite à la diversification de son activité, elle modifie à nouveau sa dénomination pour prendre le nom d'Association d'Aide aux Travailleurs Étrangers de la Région Lilloise (ADATERéLi).
En 1970, l'association élargie son activité à la région dunkerquoise. Cinq foyers sont construis à Petite-Synthe, Téteghem, Loon-Plage et Coudekerque-Branche, soit 1 376 chambres individuelles. En 1974, le foyer de la rue du Général-Bonnaud à Tourcoing et celui de Lille, rue Auguste-Bonte, ouvrent leurs portes.La fin des années 1970 marque un tournant dans la vie économique française. C'est la fin officielle de l'immigration. Le chômage s'amplifie, les taux d'occupation des foyers commencent à baisser dès 1975. C'est dans ce contexte que l'association diversifie son activité mais également le public accueilli. En effet, l'ADATERéLi, en accord avec l'association France Terre d'Asile, accueille dès 1975 de nombreux réfugiés de l'Asie du sud-est, pour la plupart des familles, fuyant le régime politique de leur pays. Les foyers rue Moulinel à Wasquehal, rue Bonnaud à Tourcoing et rue Bonte à Lille, sont spécifiquement réservés à cette population. Une section asiatique est alors créée en collaboration avec d'autres associations pour apporter une aide spécifique, durant six mois, à ces réfugiés : cours d'alphabétisation, stage de formation, aide à l'insertion professionnelle, à la recherche de travail et de logement. 1 386 adultes et 1 101 enfants ont ainsi été soutenus jusqu'en 1984. Cet afflux supplémentaire de réfugiés oblige l'association à atteindre en 1977 sa capacité maximale d'hébergement avec 4 055 lits et 1 124 667 nuitées d'hébergement.
Au cours de cette même période l'association entreprend une politique de grands travaux de rénovation afin d'améliorer le confort des migrants. Deux foyers de Lille sont détruits et totalement réaménagés. Ils sont réservés tout au long des années 1980 à une nouvelle population : les femmes seules d'origine étrangère, étudiantes ou travailleuses, pour lesquelles le manque de logements se fait particulièrement sentir. Malgré cette période d'embellie, il ne faut pas négliger que les foyers du secteur dunkerquois sont durement frappés par la crise qui touche la sidérurgie. Les foyers dunkerquois se vident peu à peu à partir de 1983. En 1989, deux des cinq foyers sont abandonnés.
Les années 1990 annoncent une profonde évolution. On assiste à une montée de la précarité dans la société française dont les foyers sont le reflet. La mission de l'association suit donc ce tournant et accentue son volet social. Il faut s'adapter à un public d'immigrés vieillissants et aux nouveaux résidents en situation précaire. D'autre part il paraît nécessaire de faire évoluer les logements, qui ne sont plus des lieux de passage mais des lieux de vie. De nouvelles résidences sont construites.
En 1994, l'association modifie ses statuts pour ouvrir son activité aux nouveaux publics et accueillir des jeunes défavorisés, des familles, des personnes âgées mais aussi handicapées. L'accueil de Français en situation difficile est de plus en plus important. Cette nouvelle perspective incite l'association à organiser et intensifier l'accompagnement social de ses résidents. Pour ce faire, l'ADATERéLi met en place le Service Intervention sociale ARELI qui compte six intervenantes sociales. Elles apportent une aide administrative, une information sociale individuelle et collective et organisent de nombreuses animations pour ouvrir les foyers sur l'extérieur.
En 1999, l'association doit faire face à l'arrivée de réfugiés kosovars, comme elle l'avait fait pour ceux du sud-est asiatique dans les années 1970, et ce jusqu'en 2001, date à laquelle se termine officiellement la prise en charge d'accueil des Kosovars en France. Au cours de cette même année, l'association signe une convention cadre en partenariat avec l'État dans le cadre de la CLIPI (Commission Interministérielle pour le Logement des Populations Immigrées) pour la réhabilitation de ses foyers en résidences sociales. L'association décide de prendre le nom d'ARELI. Cette dénomination met désormais l'accent sur l'importance de ses missions sociales liées à l'hébergement et sur la prise en charge globale du résident. En 2010, l'association est animée par une équipe de 42 personnes.
Repères chronologiques :
24 mars 1953 : Création de l'Association d'Aide aux Français d'Algérie de la Région Lilloise (ADAFARéLi).
1953 : Un centre d'accueil est organisé, au 207 boulevard de la Liberté à Lille, ainsi qu'un bureau d'intervention et d'orientation.
1956 : L'hébergement des célibataires débute avec l'ouverture du foyer de Marquette. L'association fait ensuite construire les foyers de Tourcoing-Magenta et Roubaix-Beaurepaire.
1961-1963 : De nouveaux foyers sont construits et aménagés afin de répondre à l'arrivée massive de travailleurs célibataires étrangers.
1963 : L'association change de dénomination. Elle devient l'ADATARéLi : l'Association d'Aide aux Travailleurs Africains de la Région Lilloise.
1966 : Suite à l'élargissement de ses activités, elle prend le nom d'ADATERéLi : Association d'Aide aux Travailleurs Étrangers.
1970 : L'association étend son action à l'agglomération dunkerquoise avec la construction de cinq foyers à Petite-Synthe, Téteghem, Coudekerque-Branche et Loon-Plage.
1971 : Avec l'ouverture des foyers de Dunkerque, elle agrandit son champ d'action et devient l'Association des Travailleurs Migrants Région Nord.
1975 : L'association crée la Section asiatique. Elle accueille, dès lors, des réfugiés en provenance d'Asie du sud-est.
1977 : Le record du nombre de nuits est atteint : 1 124 667 avec 4 055 lits.
1994 : L'association modifie ses statuts pour ouvrir son activité au nouveau public et accueillir des jeunes défavorisés, des familles et des personnes âgées et handicapées.
1997 : L'ADATERéLi crée un « service Intervention sociale ARELI ».
1999 : L'association accueille les réfugiés kosovars.
2001 : Elle adopte l'abréviation ARELI.
Mode de classement
Les dossiers des migrants étaient conservés par l'association dans de grands classeurs. Ces dossiers sont classés par foyers, par ordre alphabétique, et par année afin de garder la trace du classement original de l'association.
Le présent instrument a été établi en 1994 par Armelle Le Goff, puis complété en 2007 par Gersende Piernas, chargée d'études documentaires puis en 2010 par Adeline Markey, étudiante en deuxième année du Master professionnel « Monde du travail, mémoire et patrimoine », spécialisation archivistique de l'université de Lille 3, sous la direction de Marie Bouquet, chargée d'études documentaires.
Tris et éliminations
Après les opérations de tri, environ 0,5 mètre linéaire a été éliminé. Il s'agit des doubles et des photocopies de documents officiels alimentant les différentes demandes de régularisation de situation des migrants.
Sources complémentaires
Voir aux Archives nationales du monde du travail (Roubaix) les fonds d'associations caritatives et de solidarité sociales :
- Emmaüs international : 2000 50, 2002 39, 2003 8.
- Les restos du Cœur : 2001 2, 2004 16
- Secours populaire français : 1998 20, 2001 21, 2000 55
- AC! Lille : 2202 30
- Marie-Madeleine Halot : 2001 33
Voir aux Archives départementales du Nord (Lille) au sein de la Série W :
- Association de service social familial aux migrants (ASSFAM) : 2229 W
- Association des centres sociaux « Maisons de l'enfance » et de gestion des locaux collectifs résidentiels : 2002 W
- Délégation de l'Entraide française : 0063 W
- Service social d'aide aux émigrants (SSAE) : 2180 W
Voir aux Archives départementales du Pas-de-Calais (Arras) :
- Délégation de l'entr'aide française du Pas-de-Calais : 1 W 1197-1218
- Service social d'aide aux émigrants (SSAE) : 2545 W 1-4
Bibliographie
(Entre parenthèse, la cote de l'ouvrage disponible aux ANMT)
Ouvrages concernant l'immigration dans la région Nord Pas-de-Calais :
- GENTY (Jean-rené), L'immigration algérienne dans le Nord Pas-de-Calais, 1909-1962, Paris, 1999. (H 3271)
- MALIET (Vincent), Regards croisés, l'immigration dans le Nord Pas-de-Calais. Documentation d'Ethnographie régionale du Nord, musée régional d'Ethnologie du Nord (Béthune), 2002. (H 3732)
- CEGARA (Marie), CHOVAUX (Olivier), DAMIANI (Rudy), DUMONT (Gérard), GENTY (Jean-rené), PONTY (Janine), Tous gueules noires, Histoire de l'immigration dans le bassin du Nord Pas-de-Calais, Centre historique minier du Nord Pas-de-Calais (Lewarde), 2004. (H 4143)
Ouvrages portant sur l'immigration en France et en Europe :
- Association Génériques, Inventaire national des sources publiques et privées de l'histoire des étrangers en France 1992-1995, Génériques, Paris, s.d. (H 2348)
- LE MOIGNE (Guy), L'immigration en France, collection « Que sais-je ? », Paris, 1995. (H 1388)
- MILZA (Pierre), AMAR (Marianne), L'immigration en France au XXe siècle, Armand Colin, 1990, Paris. (H 0842)
- DEWITTE (Philippe), Deux siècles d'immigration en France, La documentation française, Paris, 2003. (H 4452)
- LEQUIN (Yves), La mosaïque France : histoire des étrangers et de l'immigration en France, Larousse, Paris, 1988. (H 0295)
- KHAMES (Djamel), PAOLETTI (Françoise), En France, quelle immigration ?, collection Optique-Hatier, 1993. (H 1304)
- SIMON (Jacques), L'immigration algérienne en France de 1962 à nos jours, édition l'Harmattan, Paris, 2002. (H 3764)
- MESTINI (Ezzedine), L'immigration, collection Repères, édition La découverte, 1990. (H 1303)
- CENTRE INTERNATIONAL DE L'ENFANCE, Les enfants de travailleurs migrants en Europe : santé, scolarité, adaptation, édition ESF, Paris, 1974. (H 4539)
- BERGER (John), MOHR (Jean), Le septième homme. Un livre des images et des textes sur les travailleurs immigrés en Europe, Maspero, Paris, 1976. (H 4797)
Mots matières
action humanitaireLieux
Lille (Nord, France)