Notice descriptive
Entretien d’Isabelle Pecou, directeur général du groupe B2V.
- Présentation du témoin et de son poste (00:00:00 - 00:02:38). Isabelle PECOU est Directrice Générale de B2V depuis douze ans (2007). Elle supervise les activités, les métiers et les supports, ainsi que l'aspect réglementaire et les relations...

- Présentation du témoin et de son poste (00:00:00 - 00:02:38). Isabelle PECOU est Directrice Générale de B2V depuis douze ans (2007). Elle supervise les activités, les métiers et les supports, ainsi que l'aspect réglementaire et les relations avec les administrateurs des différentes entités de B2V. Elle préside le Conseil d'administration paritaire et gère les relations entre les fédérations et les organismes réglementaires et les grands clients. Sa mission est mi-opérationnelle, mi-stratégique (politique). Elle préside également le Comité de direction du plan stratégique élaboré sur 5 ans et revu tous les ans.
- Présentation de sa formation et de son parcours (00:02:41 - 00:03:30). Isabelle PECOU témoigne de son parcours universitaire. Elle est diplômée de l'Agrégation de Grammaire et de sciences politiques de Paris. Bien qu'aimant l'enseignement et la recherche, elle démissionna de l'Education nationale pour se consacrer à la protection sociale en intégrant le syndicat de la presse parisienne et du livre.
- Présentation et description des activités de B2V (00:03:31 - 00:05:07). Isabelle PECOU évoque le groupe syndical de B2V, qui rassemble les syndicats des salariés et les syndicats patronaux tels Medef/CGT/CFDT, puis présente la mission de B2V sur la retraite complémentaire des partenaires sociaux, ainsi que la retraite et les assurances pour les entreprises. Puis elle présente les principales données chiffrées relatives à B2V : 350 collaborateurs, 3 milliards d'encaissement et 20 000 entreprises clientes.
- Prise de conscience de la gravité de la situation, pour l'économie et l'entreprise. Les réactions à chaud en tant que personne et en tant que dirigeant (00:05:08 - 00:09:20). Isabelle PECOU explique que dès la mi-février, il y a eu la mise en place d'une réflexion sur la crise sanitaire. Isabelle PECOU a mené une action immédiate tandis que la Direction des Ressources humaines a organisé des réunions de crise régulières une fois par semaine sur le plan de continuité des activités. Elle ajoute, qu'immédiatement, des commandes de gel et de masques ont été faites en collaboration avec le CSE et les partenaires sociaux. Puis, qu'un comité de crise et un comité de direction et de contrôle interne ont été organisés via une réunion journalière dès le 13 mars. Le télétravail fut instauré à domicile en dehors du siège de La Défense. Le 16 mars au soir, un message fut envoyé à tous les collaborateurs et le 17, il n'y avait que dix personnes sur le site. Isabelle PECOU précise qu'il n'y avait aucun accord de télétravail au préalable, et que seuls quelques collaborateurs disposaient de dérogations. Le travail à distance fut une nouveauté, or tout le monde ne pouvait pas être en télétravail.
- Situation de l'entreprise au début de la crise (00:09:21 - 00:12:15). Isabelle PECOU évoque deux éléments clés qui ont été engagés afin qu'ils soient prêts le jour J : d'une part, assurer la continuité des services auprès des clients via la délégation de service public (la retraite complémentaire et les pensions de retraite) ainsi que les remboursements, et d'autre part, assurer la sécurité physique et psychologique des salariés.
Isabelle PECOU ajoute un autre besoin, celui de l'accès aux systèmes d'information, car les collaborateurs n'avaient pas d'outils, hormis leurs outils personnels, de moindre qualité ou inexistants. Avant le 16 mars, il y a eu une anticipation des achats d'ordinateurs portables notamment pour les services de gestion. Le temps a cependant manqué pour améliorer les systèmes de sécurité informatique. Aujourd'hui, le souci majeur est d'éviter que les systèmes d'information soient pollués, car le niveau de sécurité n'est pas le même chez les collaborateurs. Isabelle PECOU précise que le chantier est en cours de projet. - Mise en œuvre du télétravail et maintien des activités sur site (00:12:16 - 00:14:57). Isabelle PECOU précise que 85 % des salariés ont été mis en télétravail. Une dizaine de collaborateurs des moyens généraux est restée sur place pour numériser les courriers à envoyer aux collaborateurs en télétravail, ainsi que quelques collaborateurs informatiques et deux personnes de la RH pour accueillir les personnes et assurer la paie. Prendre les transports en commun a été interdit (prise en charge des frais kilométriques ou des trajets en covoiturage/taxi). La restauration sur place a été aménagée, ainsi que les systèmes de protection et les mesures barrières. Isabelle PECOU ajoute que les collaborateurs sont fiers et reconnaissants, et que les Moyens généraux, souvent peu considérés, sont désormais valorisés. Elle passait régulièrement les soutenir et les remercier.
- Organisation de la gouvernance (00:14:58 - 00:19:28). Isabelle PECOU explique qu'une heure et demie de réunion de crise a été organisée tous les jours en visio-conférence avec l'équipe de direction et le service du contrôle interne. Les statistiques y étaient passées en revues (principales données de l'entreprise, connexions aux systèmes d'information, données des Ressources humaines, production). Les appels entrants des clients ont été bloqués, au profit des appels sortants engagés envers les clients pour leur proposer de l'aide. Ce fut une véritable réorientation d'activités (flux entrants, stocks, suivis). Les problèmes à résoudre étaient également évoqués : téléphonie, relation client, communication, avec des comptes-rendus et relevés de décision journaliers, une vérification de faisabilité et de l'exécution des solutions journalièrement. Isabelle PECOU précise qu'il y a eu un retour d'expérience du service contrôle interne, point par point, soulignant les réussites et les améliorations.
- Autres mesures prises (00:19:29 - 00:23:45). Isabelle PECOU explique que la communication a été organisée et diffusée selon les publics. Un infirmier était à disposition pour répondre aux souffrances psychologiques et une structure avec SIA a été déployée afin de répondre aux inquiétudes. Toutes les semaines, les Ressources humaines informaient. Isabelle PECOU prenait la parole ou diffusait une lettre tous les 15 jours. Le CSE informait également régulièrement avec un retour de statistiques journalières. Le Conseil d'administration ciblait les points précis en visio-conférence. Les informations aux clients étaient diffusées sur les réseaux sociaux. Une émission de sport a été créée pour les collaborateurs, accompagnée d'une cellule d'écoute pour ceux qui perdaient un proche.
Isabelle PECOU précise qu'il n'y a eu que 9 cas de Covid-19 parmi les collaborateurs, sans gravité.
Elle précise enfin qu'une prise de contact régulière avec les retraités a été réalisée et en particulier avec les personnes âgées, bien souvent seules. D'autre part, il a fallu coordonner l'organisation dans les régions afin de déployer des aides infirmiers et des plateaux repas. Les actions sociales furent adaptées et étaient liées directement à la vocation et aux métiers de B2V (budget de 12 millions d'euros par an pour ses clients en matière d'action sociale). Les actions ciblées étaient adaptées à la situation. L'accent fut porté sur la communication et les entraides. - Votre plus belle victoire ? (00:23:46 - 00:26:03). Isabelle PECOU déclare qu'il n'y a pas de belle victoire, mais que la plus belle victoire serait d'avoir répondu, au jour le jour, au cas par cas, et d'avoir pu s'adapter aux clients, et ainsi assurer la continuité d'activités. Les partenaires sociaux les ont félicité sur la prise en charge des salariés.
Isabelle PECOU affirme qu'un sondage a été réalisé après cette période de crise sanitaire auprès des salariés. Il a montré leur satisfaction sur la façon dont l'entreprise les a aidé durant toute la période. Isabelle PECOU insiste sur le fait que ce sont les salariés qui ont réalisé la continuité de service indispensable. Ce sont de petites victoires qui ont permis de passer cette période sans difficultés majeures.
Très peu d'entreprises clientes ont eu des difficultés financières. Il y a eu des reports de paiement de cotisation, mais fin août tout était rétabli. Cela a coûté 800 000 euros, mais il n'y a pas eu de conséquences économiques majeures. La victoire est là. B2V a été remercié par ses clients et collaborateurs. - Qu'est-ce que cela a changé pour demain ? (00:26:04 - 00:33:33). Isabelle PECOU présente les changements fondamentaux, dont le plan stratégique qui a été adopté lors d'un séminaire tenu en juillet, qui réactualisa les décisions. Dès l'été, ce fut le lancement du plan de transformation de l'équipe de direction en trois volets : espaces de travail à revoir, mise en œuvre du télétravail et accompagnement managérial.
Isabelle PECOU précise que ce fut un changement de management de l'entreprise sans aucune base, et qu'il a fallu se documenter, diminuer les contrôles et favoriser l'autonomie. Cela a été une vraie réflexion sur la pratique managériale, et surtout, vis-à-vis des jeunes collaborateurs (quadragénaires) qui ont d'autres attentes sur l'organisation du travail. Ainsi, les espaces de travail ont été aménagés de manière moins cloisonnée. Les réunions ont été organisées en petits comités avec au maximum 20 personnes. Le "coworking" fut privilégié afin défavoriser les interactions.
Isabelle PECOU précise qu'elle ne croit pas au télétravail 5 jours sur 5, que cela ne fonctionne pas et qu'il faut donner envie de venir travailler via l'interaction, et voire, aller jusqu'au Flex office. Elle ajoute que le télétravail doit s'organiser idéalement sur deux ou trois jours par semaine en mettant en place des règles et aider les collaborateurs à bien travailler bien chez eux. Il s'agit d'assurer également la préservation et la sécurisation des données des collaborateurs sur l'ensemble de leur carrière avec un système robuste, qui est en train d'être repensé.
Isabelle PECOU rappelle qu'il faut négocier avec les partenaires sociaux, réduire les coûts, et revoir les pratiques managériales avec une charte de mangement écrite (ex. : différents rôles en fonction des grades). Elle se demande comment changer le leadership et le management avec de nouveaux fonctionnements nomades, alors qu'elle estime que la présence sur site forge la culture entreprise. - Mot de la fin (00:33:34 - 00:35:48). Isabelle PECOU s'exprime avec un mot de la fin volontairement féministe. Elle fait part de sa prudence face à la régression sociale des femmes avec le télétravail 5 jours sur 5, et les risques majeurs d'inégalités et d'écarts qu'il peut entraîner. Elle ajoute que les femmes doivent être prudentes dans leur travail et qu'il faut qu'elles soient présentes pour créer du relationnel sinon "elles passent à la trappe" car l'égalité n'est pas gagnée. Les femmes doivent se battre avec leur réseau et leurs relations pour leur promotion. Isabelle PECOU insiste sur l'importance d'avoir une relation directe et physique avec l'entreprise, le lieu de pouvoir, pour la carrière d'une femme.
- Conclusion. Pourquoi avoir accepter de témoigner ? (00:35:49 - 00:37:35). Ce témoignage est important, car il correspond à l'enjeu de l'Observatoire de la mémoire de B2V. Selon elle, pour les générations suivantes, c'est une information clé sur la gestion de pandémies modernes, afin de témoigner des acquisitions de la mémoire des entreprises. La mémoire collective est à prendre sur le vif car sinon on oublie. Cela nourrit la mémoire collective pour progresser dans le traitement de futures pandémie, c'est fondamental.

Isabelle Pécou devient directeur général en 2008. L’activité du groupe B2V est spécialisée dans le secteur social, en particulier les retraites et la protection sociale.
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Toute exploitation d’extrait est soumise à l’autorisation préalable des ayants droit. Elle devra faire mention du projet « Mémoire des entreprises au temps de la covid-19 » et de ses partenaires, en les citant. L’exploitation commerciale de ces enregistrements entraînera une négociation entre les coauteurs et le diffuseur.
