Notice descriptive

Ce fonds à pour thème l'organisation religieuse et philosophique.

Les archives Patin-Dhalluin contiennent des comptes rendus de réunions, de la correspondance, des notes de synthèses qui témoignent de l'activité d'André Patin en tant que membre fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) à Roubaix, en tant que militant et formateur au sein de mouvements familiaux (MLO, Culture et Liberté). Dans le même temps, Elisabeth Dhalluin, épouse Patin, était membre fondateur de la Jeunesse chrétienne ouvrière féminine (JOCF) à Tourcoing et responsable de "Blocs d'usine", puis militante au sein de l'Association populaire familiale (APF).

Ont été conservés également des dossiers documentaires thématiques et des collections de périodiques, montrant les engagements et les intérêts de André Patin, en tant que militant syndical CFDT et employé des établissements Louis Lepoutre à Roubaix, où il était membre du Comité d'entreprise.

Enfin, plusieurs ouvrages complètent ce fonds. Ils concernent principalement le mouvement jociste.

1994 30 1-14, 53, 56-57, 65-77 - Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) - 1927-1981
1994 30 15-37, 58-59, 61-64, 78-81 - Mouvements familiaux - 1939-1990
1994 30 42, 50-51, 54 - CFDT - 1928-1994

Les archives d'André et Elisabeth Patin-Dhalluin ont été déposées au CAMT par leur fils Bernard Patin en 1994. Ce dépôt s'est ensuite transformé en don le 5 décembre 2008.

André et Elisabeth Patin-Dhalluin ont milité toute leur vie. Ils sont extrêmement liés à la naissance et à l'expansion de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) à Roubaix-Tourcoing. La JOC voit le jour à Lille, Roubaix et Tourcoing en 1927. André Patin, employé chez Louis Lepoutre, fait partie des membres fondateurs à Roubaix tandis qu'Elisabeth Dhalluin contribue à fonder la Jeunesse chrétienne ouvrière féminine (JOCF) à Tourcoing, où elle est ouvrière textile chez Tiberghien. La première réunion de la Jeunesse ouvrière chrétienne de Roubaix-Tourcoing a lieu le 23 juin 1927 à Tourcoing et accueille l'abbé Cardijn, fondateur et aumônier national de la JOC belge. L'abbé y fait une intervention sur "l'apostolat de l'ouvrier par l'ouvrier".

La fédération se développe rapidement, comptant 20 sections et 524 jocistes en 1929. Les premières équipes sont lancées et animées par des aumôniers qui ont alors une forte influence. De nombreuses retraites et récollections complètent la formation spirituelle, dans l'ensemble plutôt traditionnelle, des jocistes. Dix ans plus tard, les effectifs atteignent 1000 jocistes. La JOCF compte jusqu'à 1500 jocistes en 1937. Elisabeth Dhalluin est alors responsable des "blocs d'usine" : des comptes rendus de réunions et sa correspondance retracent cette activité. Les fédérations possèdent en effet une organisation très structurée. Les militants reçoivent une formation au cours de journées d'études et se réunissent régulièrement. Les jocistes mènent une action de prosélytisme auprès de leurs compagnons et compagnes de travail, cherchant à les inviter à leurs réunions. Le périodique Jeunesse ouvrière chrétienne connaît une large diffusion à Roubaix-Tourcoing, comptant jusqu'à 500 abonnés en 1935 ; les ventes à la criée montent jusqu'à 3600 exemplaires.

La JOC cherche à favoriser la construction chrétienne de la société ; elle lutte aussi pour la dignité ouvrière. Son activité est variée. De nombreuses enquêtes cherchent à cerner la vie des jeunes travailleurs et travailleuses. Lorsque la crise économique frappe l'industrie textile de Roubaix-Tourcoing, la JOC enquête sur ce fait nouveau et réclame un appui moral et matériel pour les jeunes chômeurs. A chaque enquête correspond la volonté de s'organiser et d'agir pour trouver des solutions aux problèmes. Sont ainsi crées des "services", comme le "service des malades" ou le "service de l'épargne" où se manifeste clairement le souci d'éducation de la JOC. La création du service des pré-jocistes souligne l'importance accordée à l'orientation et à la préparation au milieu du travail.

Au cours des grèves, la JOC soutient les jocistes par des secours tout en appelant à une collaboration entre les différentes forces pour résoudre les problèmes sociaux.

La Seconde Guerre mondiale est une période difficile pour la JOC. La mobilisation ou l'exode des membres les plus âgés conduit à faire appel à de plus jeunes gens. La JOC dans le Nord est coupée de l'organisation nationale ; elle s'organise seule pour essayer de conserver son indépendance et mettre en place des actions de solidarité.

Après la guerre, André et Elisabeth Patin-Dhalluin militent dans des mouvements familiaux. André Patin est actif au sein du MLO, le Mouvement de libération ouvrière. Il est en particulier chargé de la diffusion du journal Vie populaire, qui cherche à apporter une information claire et objective sur de nombreuses questions contemporaines, comme les élections, l'enseignement, la force de frappe, les IVe et Ve Plans. Le MLO mène une constante action de formation auprès du monde ouvrier, afin de permettre un accès de chaque citoyen aux responsabilités, selon ses capacités. Comme l'exprime son slogan "L'homme premier servi", le MLO cherche modestement à établir une société plus humaniste, caractérisée par une juste répartition des richesses. André Patin a ensuite participé à Culture et Liberté, fruit de la fusion entre le Centre de culture ouvrière et le MLO en 1969.

De son côté, Elisabeth Patin-Dhalluin milite au sein de l'Association populaire familiale (APF) de Wattrelos jusqu'en 1973. Les associations populaires familiales ont une forte implantation locale. Elles défendent les droits des familles et ceux des consommateurs, organisant des réunions d'information et intervenant auprès des autorités locales pour obtenir des améliorations dans la vie quotidienne. L'activité est particulièrement intense en ce qui concerne les logements et l'enfance.

André Patin a été en outre militant syndical à la CFDT et a participé à plusieurs conflits du travail au sein des Etablissements Louis Lepoutre, où il a effectué toute sa carrière et où il a été élu au sein du Comité d'entreprise. Son activité syndicale s'est poursuivie au moment de sa retraite, puisqu'il a alors fait partie de l'Union des retraités CFDT, qui s'est implantée à Wattrelos. Cette union locale se préoccupe tant des problèmes matériels que de l'accès à la culture par le biais d'une université du troisième âge.

Aux Archives nationales du monde du travail (Roubaix)

1995 68 : Philippe (Francis), militant permanent de la JOC, puis de la CFDT.

- DEBES (Joseph), Naissance de l'Action catholique ouvrière, les Editions ouvrières, 1982.

- PIERRARD (Pierre), L'Eglise et les ouvriers en France, 1940-1990, Hachette, 1991.

- PREVOTAT (Jacques), Etre chrétien en France au XXe siècle, Le Seuil, 1999.

-  RICHOU (Françoise), La Jeunesse ouvrière chrétienne. Genèse d'une jeunesse militante, L'Harmattan, collection "Logiques sociales", 1997.

- WATTEBLED (Robert), Stratégies catholiques en monde ouvrier dans la France d'après-guerre, les Editions ouvrières, collection "Eglise-sociétés", 1990.

- "La jeunesse ouvrière chrétienne. 50 ans d'efficacité. La JOC de Roubaix-Tourcoing, son histoire", supplément à Jeunesse ouvrière n° 364, mars 1978.

- "Vingt ans de luttes ouvrières et familiales, 1940-1960. Le mouvement populaire des familles dans le Nord-Pas-de-Calais. Espoirs et réalisations", Les Cahiers du GRMF, n° 5, 1988.