Notice descriptive

Motte-Bossut (et anciennes filiales absorbées) : entrée 1988 7.

  • Motte-Bossut (et anciennes filiales absorbées) : entrée 1988 7.
  • Présentation du contenu

    Le fonds Motte-Bossut se compose des archives des différents établissements exploités par la société depuis sa création : filature de coton à Roubaix, tissages de coton à Leers, Comines et Vadencourt, filature de laine à Roubaix, manufactures de velours à Roubaix et Amiens ainsi que ses filiales : usine de la Lys, tissage de Vadencourt-Boheries, usines de Mascara, Lyatène et Tasnor.

    • L'être social :

    En termes de typologie documentaire, il faut tout d'abord considérer l'entreprise comme une société commerciale dotée de la personnalité morale dont les différents stades de vie sont producteurs d'archives et, à cet égard, le fonds Motte-Bossut comporte une série très complète d'actes de société depuis 1843. Elle permet de retracer toute l'histoire de l'être social et l'évolution de son capital.

    Des papiers de famille (1790-1905) confiés par Monsieur Jacques Motte éclairent ces actes, puisque l'histoire de la société est étroitement liée à celle de la famille, et permettent de découvrir derrière les grands hommes les grandes femmes qui les inspirent, telle Pauline Motte-Brédart, instigatrice de l'oeuvre de ses fils! D'autre part, des brochures de promotion publiées par la société et un dossier sur la préparation du centenaire de la société en 1943 aident à préciser différents points de la chronologie.

    • Vie de la société :

    Cependant les documents fondamentaux de ce fonds sont deux belles séries de registres : les procès-verbaux des associés et des actionnaires depuis 1906 et ceux du conseil de gérance puis d'administration depuis 1919. Elles permettent d'accéder à la compréhension du fonctionnement de l'entreprise et de suivre l'évolution de toute sa politique générale, son développement, la diversification de ses productions, les activités de ses différentes branches avec leurs périodes de croissance et de décroissance.

    • Les archives de direction :

    Elles sont très fragmentaires mais plus complètes pour les années qui suivent la crise de 1933, puiqu'on y trouve quelques études sur les plans de redressement et de réorganisation de la société (1934-1938) et les papiers des comités de direction (1934-1937), création de la pratique qui permettait aux dirigeants des différentes branches d'échanger leurs points de vue. Malheureusement, les rapports des comités de direction dont les historiens d'entreprise connaissent l'importance ont été détruits pour les années qui suivent!

    • Les finances :

    Les documents des services financiers sont aussi bien représentés dans ce fonds et renseignent sur l'évolution du capital, les emprunts, les émissions d'obligations ainsi que sur les participations financières. Ces dernières assuraient à la firme une présence stratégique au sein de secteurs complémentaires et une meilleure maîtrise de son industrie.

    • Le patrimoine :

    Mais le fonds est riche d'autres dossiers sur le patrimoine de l'entreprise, en particulier sur les bâtiments industriels et le matériel d'exploitation, moyens indispensables de la production. Outre les titres de propriété, l'on y trouve de nombreux plans (calques et bleus) des bâtiments, de leurs installations et du matériel d'exploitation pour chaque établissement. L'étude de ces plans offre une autre approche de l'histoire industrielle textile et du degré d'activité et de technicité de la firme. Elle est à compléter par la série de livres des acquisitions et des amortissements des bâtiments et du matériel et par une série d'estimations dressées en vue de l'assurance incendie (1911-1979). Ces estimations, qui se présentent sous forme d'inventaires très détaillés, offrent une photographie exacte de l'état de ce patrimoine à date précise. Autre composante du patrimoine : la propriété industrielle avec des dossiers sur les brevets depuis 1866 et sur les dépôts de marque et leur renouvellement depuis 1959, les tissus étant commercialisés sous la marque "Tissus La Tour" et plus spécialement pour le velours sous la marque Sporvel.

    • La production et la distribution :

    Dans ce domaine, il faut déplorer la disparition de nombreuses archives techniques et commerciales, importantes surtout à la manufacture de velours et qui consistaient en fiches de fabrication, livres de prix de revient, dossiers de clients et correspondance. N'ont échappé à la dispersion ou à la destruction que quelques bribes : quelques catalogues publicitaires du velours Sporvel, des cartes d'échantillons, le dossier de l'opération publicitaire que fut la remise du diplôme Prestige de la France au velours Sporvel en 1960, quelques études de marchés et un registre concernant les exportations depuis 1963.

    • Les comptes :

    La fonction comptable de l'entreprise apparaît dans des archives plutôt récentes : journaux généraux et centralisateurs depuis 1935, livres d'inventaires, série de bilans consolidés et journaux auxiliaires des dernières années sous forme de listings informatiques à partir de 1976. Comme dans beaucoup d'autres entreprises, il y a eu là aussi destruction systématique de documents dont les délais de conservation légaux étaient dépassés.

    • Le personnel :

    En ce qui concerne le personnel ouvrier, il est bien connu que le progrès social s'est réalisé d'abord par l'intervention de l'État dans les relations individuelles de travail, entraînant la tenue de certains types de registres. Chaque établissement de la firme tenait ses registres de personnel rendus obligatoires par la loi. Les séries les plus complètes sont celles du tissage de Leers et de la manufacture de velours . Le plus ancien registre d'inscription des livrets ouvriers concerne le tissage de Leers et remonte à 1879; le plus ancien registre d'inscription du personnel pour la filature de coton est de 1887. En 1919, il a été procédé à une remise à jour du registre des ouvriers de la filature de coton avec inscription des ouvriers embauchés après la guerre et état de ceux qui travaillaient avant et avaient repris. Les premières lois sociales ayant surtout concerné les enfants et les femmes, on retrouve des registres destinés à leur inscription dès 1890 pour Leers et dès 1896 pour le velours. Quant aux registres d'inscription des travailleurs étrangers, le premier concerne l'usine de la Lys et débute en 1926. Signalons que tous les documents concernant les ouvriers et pouvant servir à la reconstitution de carrière pour un dossier de retraite ont été confiés lors de la liquidation à une caisse professionnelle de retraite.

    Avec l'évolution de la société, les travailleurs sont aussi considérés comme une collectivité pouvant s'exprimer par l'intermédiaire de représentants avec l'institution de délégués du personnel, des comités d'entreprise et la reconnaissance des droits syndicaux dans l'entreprise. Mais, là aussi, on ne retrouve que quelques pièces isolées illustrant ce changement, forcément moins éloquentes que des dossiers complets : cahier de revendications du syndicat C.G.T et réunions du comité d'entreprise pour l'année 1977, bilans sociaux des dernières années, dossier sur la participation des salariés aux fruits de l'expansion de l'entreprise et sur la participation de l'entreprise au financement de la formation professionnelle continue.

    Telles sont les grandes lignes de ce fonds ; le chercheur ne manquera pas d'avoir recours aux sources complémentaires conservées aux Archives départementales du Nord (en particulier la série M) et aux Archives municipales de Roubaix.

  • Historique de la conservation

    En 1986, Monsieur Jacques Motte prit contact avec les Archives départementales du Nord, demandant que soit pris en charge son fonds d'archives. Celui-ci avait été décrit par Catherine Dhérent en 1981 dans son Guide des archives du monde du travail (p.110).

    Yvette LEBRIGAND, directeur du Centre des archives du monde du travail, dès son arrivée dans le Nord, se rendit à Roubaix dans l'ancienne usine et s'efforça de sauver le maximum de documents, ramassant des tracts et décollant des affiches des murs !

    Les archives furent alors transportées et stockées dans l'annexe des Archives du Nord à Lille.

    L'entrée répondait aux critères de sélection définissant la politique de collecte du Centre à grande échelle : ancienneté, exemplarité et notoriété de l'entreprise dans un domaine d'activité typique de la région du Nord. Cependant, pour ce qui est des ensembles de documents composant le fonds, il faut regretter les destructions massives d'archives sur les différents sites à l'époque dramatique de la fermeture et ceci faute de structures pouvant les accueillir. En effet, une partie des documents décrits par Catherine Dhérent n'a pas été retrouvée.

  • Modalités d'entrées

    Ce fonds a été déposé (contrat en date du 17 juin 1988) puis donné le 10 février 2012 par Monsieur Jacques Motte peu de temps avant son décès.

  • Statut juridique
    Archives privées
  • Présentation du producteur

    La société roubaisienne Motte-Bossut fut l'un des plus importants groupes textiles du Nord et longtemps le premier producteur de velours de la France.

    A l'origine : un homme jeune et dynamique, Louis Motte (1817-1883), époux d'Adèle Bossut, qui a fait plusieurs voyages en Angleterre pour comprendre les raisons de la supériorité des Anglais dans le domaine de l'industrie textile. Encouragé par sa mère Pauline Motte-Brédart et grâce à la dot de son épouse, fille du maire de Roubaix, il constitue une société en nom collectif le 26 janvier 1843, par acte sous seing privé, pour l'exploitation d'une filature de coton, avec son oncle J.B. Cavrois-Grimonprez et son beau-frère Louis Wattine-Bossut.

    Ces deux associés se retirèrent après des vicissitudes dues à plusieurs incendies, et Louis Motte-Bossut continua seul l'exploitation; puis, sa famille s'agrandissant, diverses sociétés furent ensuite successivement constituées.

    • En 1868, la société en nom collectif "Motte-Bossut et Fils", au capital de 1 800 000 francs, dont l'objet est la filature de coton.
    • En 1878, la société en nom collectif "Motte-Bossut Fils" formée entre les quatre fils de Louis Motte-Bossut, dont l'objet est l'exploitation d'une filature de coton et laine et d'un tissage mécanique d'étoffes, demeurés la propriété de leurs parents.
    • En 1885, après le décès de Louis Motte-Bossut et de son épouse, nouvelle société en nom collectif au capital de 1.200 000 francs.
    • En 1905, nouvelle société en nom collectif dont les associés sont les veuves et enfants des trois premiers fils de Louis Motte-Bossut et Édouard Motte-Lagache, quatrième fils, au capital de 3.000 000 francs.

    Et finalement, cette dernière société est transformée en société anonyme "Établissements Motte-Bossut Fils" au capital de 9.000 000 francs, par acte notarié daté du 30 septembre 1919.

    Cette réforme de structure se révélait nécessaire en raison du nombre élevé d'associés. Le capital social était divisé en 9 000 actions de 1000 francs réservées aux seuls descendants du fondateur à l'exception des actions nécessaires à l'exercice du mandat d'administrateur. En effet, pour élargir l'esprit de la société, le conseil d'administration s'ouvrait à des membres étrangers à la famille, choisis parmi des industriels amis et qualifiés. Mais la société a toujours gardé sa structure familiale. A la veille de la liquidation, huit familles descendant du fondateur se partageaient 74% du capital, le solde étant réparti entre 31 autres actionnaires.

    De 1919 à 1982, l'objet social a été élargi à plusieurs reprises, les statuts mis en harmonie avec les lois de 1940 et 1966 et la dénomination sociale a été modifiée en "Motte-Bossut" en 1948 puis en "Motte-Bossut S.A." en 1968.

    Au fil du temps, la société avait développé plusieurs établissements industriels et commerciaux : la filature de coton, établissement le plus ancien (1843), un tissage à Leers (1872); une filature de laine peignée à Roubaix (1883); une manufacture de velours à Roubaix qui prit une place prépondérante (1893); une autre à Amiens (1903); elle acquit un tissage à Vadencourt en 1924 et en 1927 l'Usine de la Lys qui exploitait un tissage à Comines et qui se mit à la fabrique d'étoffes non tissées à Lys-les-Lannoy. Ces deux filiales furent absorbées définitivement en 1970-1971. D'autres filiales furent créées, en particulier Lyatène en 1959 à Roubaix pour commercialiser les étoffes non tissées, et Tasnor en 1962 pour réaliser différentes opérations de négoce.

    Les difficultés sérieuses ont surgi à la fin des années 1970 avec la crise de l'industrie textile en France , entraînant les fermetures successives des filatures de laine (1979), de coton (1981) et enfin le dépôt de bilan et la mise en liquidation judiciaire de la manufacture de velours en 1982.

  • Mode de classement

    Armelle Le Goff, conservateur, a trié, classé et inventorié ce versement en 1990 : 30 mètres linéaires de documents de grande valeur dont les historiens pourront disposer pour leurs travaux. Le répertoire numérique a été complété en 2007 par l'inventaire des photographies conservées dans le fonds d'archives et réalisé à la suite d'un travail d'analyse sur ces documents.

  • Sources complémentaires

    Voir également aux Archives nationales du monde du travail le fonds dit de la "Succession Louis Motte" (1913-2011) (entrée 2011 37).

  • Bibliographie

    Dhérent (C.).- AMT Nord-Pas de Calais.- Orcep, p.110.

    Ghislain (J.) et Leblan (M.).- La filature Motte-Bossut.- Université de Lille, non daté.

    Motte (G.).- Motte-Bossut, une époque, 1817-1883, lettres de famille. Non daté.

    Motte (G.).- Les Motte. Etude de la descendance Motte-Clarisse, 1750-1950.

    Bruyneel (R.).- L'industrie textile de Roubaix-Tourcoing.- 1932.

    Et. Motte.- Les établissements Motte et Cie, filature de laine, 1907-1957.- Mouscron.

    Battiau (M.).- Les industries textiles de la région du Nord. Etude d'une concentration géographique d'entreprises et de sa remise en cause.- 1976.

    De Rousiers (P.).- Les grandes industries modernes, T.3 : Les industries textiles.- Armand Colin, 1925.

Pour aller plus loin

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